N’enterrons pas trop vite le conservatisme catholique
En 2012, la défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle était attribuée aux mauvais conseils de Patrick Buisson ; en 2017 c’est cette fois la défaite de François Fillon que certains attribuent à l’influence idéologique de Sens Commun ; en 2019, ce sont bien sûr les mêmes – ou presque – qui attribuent la défaite aux propos de François-Xavier Bellamy sur l’affaire Lambert. Cette série permet-elle donc de conclure à la disparition de la droite catho ? Ou ne manifeste-t-elle pas plutôt l’ancrage durable d’un conservatisme porté par des catholiques dans l’horizon idéologique et stratégique des droites?
Le 29 mai, Laurent Joffrin se réjouit dans Libération de « la défaite de la pensée Finkielkraut » dont les 8,48% des voix obtenues par la liste LR aux européennes serait le signe. Les électeurs auraient-ils désavoués la stratégie conservatrice portée par François-Xavier Bellamy ? D’autant plus les électeurs catholiques pratiquants qui ont rallié LREM à 37% selon un sondage IPSOS/La Croix ? À Versailles même, le candidat a perdu quelques centaines de voix par rapport au premier tour des législatives de 2017.
Avant de répondre, la singularité de l’élection européenne doit tout d’abord être rappelée. Que ce soit en raison de la dimension européenne, du mode de scrutin, ou du taux d’abstention élevé, elle occupe une place à part et ses résultats sont sans rapport nécessaire avec les élections nationales. Les partis exclus de la compétition législative par défaut d’alliance pouvaient y trouver une légitimité pour exister et obtenir des élus : Les Verts, CPNT, le MPF, etc. Mais cette parenthèse électorale se referme inéluctablement.
La droite souverainiste et conservatrice qui a plusieurs fois bénéficié de ce contexte électoral à part en a aussi éprouvé les limites. Philippe de Villiers obtint en 1994, 12,34% des voix mais l’année suivante à la présidentielle son score était de 4,7% : son nombre de voix passait alors de 2 404 105 à 1 443 186. Par conséquent