International

L’Italie guettée par le vide politique

Journaliste

Y aura-t-il un vrai vainqueur aux législatives italiennes le 4 mars prochain ? Le directeur du journal italien L’Espresso, Marco Damilano, commente pour AOC la campagne électorale finissante. La jeunesse de Renzi avait fait rêver avant celle de Macron. Mais Berlusconi reste en scène, les populistes s’installent, les post-fascistes reviennent, et la gauche décline. Ces élections mettent surtout au jour un manque de représentativité : un grand vide.

Publicité

 

Il y a 70 ans, le 18 avril 1948, l’Italie se rendit aux urnes pour élire le premier Parlement de l’histoire de la République ; ce furent les premières élections politiques sous la nouvelle Constitution, des élections décisives pour la place de l’Italie dans la configuration internationale instaurée par les accords de Yalta. C’est la Démocratie chrétienne (Democrazia Cristiana) d’Alcide de Gasperi qui remporta les élections, avec l’aide de l’Église, de l’électorat modéré et de larges catégories de population, tandis que perdirent les gauches communiste et socialiste liées à l’Union soviétique. Au début de l’actuelle campagne électorale, on a tenté de faire une comparaison entre le vote de 1948 et celui de 2018, soutenant l’idée qu’aujourd’hui le succès des partis populistes et eurosceptiques mettrait à mal le choix pro-européen, de la même manière que, il y a 60 ans, l’électorat s’exprima sur l’adhésion de l’Italie au camp occidental. Le politologue Sergio Fabbrini – un exemple parmi d’autres – a écrit dans le quotidien des industriels Il Sole 24 Ore du 21 janvier qu’il y a un risque de crise systémique dans le vote italien : « Les résultats électoraux pourraient remettre en question les critères “fondamentaux” qui ont orienté notre pays au moins depuis la fin de la guerre froide. Ces critères sont remis en cause par des forces politiques souverainistes qui visent à dépasser l’horizon de la démocratie représentative et à délier l’Italie de son interdépendance avec l’Europe intégrée. »

La menace est réelle, sans aucun doute, surtout si l’on considère les déclarations de la Ligue du Nord (Lega Nord) de Matteo Salvini et quelques-uns de ses candidats eurosceptiques. En revanche, le Mouvement 5 Étoiles (Movimento 5 Stelle), qui menaçait d’organiser un référendum anti-euro, l’a supprimé de son agenda et les autres partis ont décidé de ne plus faire de l’Europe un terrain des controverses électorales. La campagne, durant ces dernières semaines, a abouti à un é


Marco Damilano

Journaliste, Directeur de l'hebdomadaire italien "L'Espresso"

Rayonnages

International