Javier Milei, produit des mutations du capitalisme
Les Development studies, aujourd’hui dominés par les projets de la coopération internationale et « d’aide au développement », ont toutefois connu une solide période structuraliste, qui demeure très éclairante jusqu’à nos jours pour analyser les dynamiques économiques et politiques de nombreux « pays du Sud ».

Le la est donné par la publication du théorème Prebisch-Singer en 1949, sous forme de note à la CEPAL. Se basant sur une étude quantitative, agrégeant des données issues des comptes nationaux de nombreux pays latino-américains, les auteurs avancent une découverte majeure, qui tord le cou aux tenants du libéralisme. Ils montrent qu’avec l’enrichissement mondial, les prix internationaux des biens primaires – que les pays du Sud exportent – augmentent moins vite que ceux des biens industriels, dans lesquels se spécialisent les pays du Nord, car « mieux dotés en capital ».
Dès lors, la spécialisation productive apparaît comme un piège pour les trajectoires de développement les pays du Sud. La théorie de la dépendance est ainsi née, et devient la pierre angulaire à l’école du Structuralisme latinoaméricain. Si Cardoso, coauteur de Faletto devient président du Brésil en 1995 et applique une politique néolibérale, d’autres courants de cette école se rapprochent du marxisme et ressemblent furieusement à la théorie de l’impérialisme de Lénine et de Rosa Luxembourg, où les « pays du sud » sont en réalité les « pays dominés par l’impérialisme ». Nous pensons ici à Ruy Mauro Marini par exemple, opposé au réformisme de Raul Prebisch.
La théorie de la dépendance, et plus largement le structuralisme latinoaméricain éclairent particulièrement bien l’histoire économique argentine.
En effet, lorsque l’Argentine se constitue en tant qu’État indépendant au XIXe siècle, sa place dans la division internationale du travail lui est déjà attitrée. Sa forte dotation en terres arables en fait un exportateur de biens primaires de choix. Par ailleurs, le génocide du peuple paragu
