L’impératif d’un urbanisme régénérateur
Face aux tourmentes et turbulences, la ville contemporaine est mise à l’épreuve de se réinventer par-delà des intentionnalités urbanistiques uniformisantes, des brutalisations liées aux logiques de profit, des arrogances technocratiques ou des impasses consuméristes et anthropocentriques.

Une ville diverse, vivante et inclusive, qui s’offre à l’expérience indissoluble du sentir, du se mouvoir et du signifier, est désormais à l’ordre du jour. Ce qui conduit à activer, dans une vision systémique, les possibilités de régénérations des relations entre corps et âme, société et environnement.
Du sensible et du charnel vs la désincarnation
Par le corps, chaque personne est originairement toujours et partout articulée au milieu et à autrui, impliquée dans le proche et le lointain, dans l’immédiateté des sens et du sens, avant toute objectivation qui la distancie et la pose comme sujet face à des objets dans un contexte plus ou moins anesthésié et neutralisé. Cette articulation est pathique avant d’être thématique, émotionnelle avant d’être rationnelle. Le sentir est d’emblée une mise en contact communicatif, un “avec” exprimant une osmose des sens pouvant être relayée par l’art, pensé par le philosophe Maldiney comme vérité du sentir. En phénoménologue, Merleau-Ponty avait insisté sur l’expérience sensible du monde visible et invisible, sur la « chair du monde ».
C’est la synergie des sens qui est à l’œuvre dans l’expérience des milieux construits comme le relate l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa, et pas seulement la domination du visuel mise en avant dans une civilisation techniciste et manipulatrice. Édifices, milieux urbains et paysages sont des événements rythmiques et des marquages culturels, sources de réceptivité et d’activité. Il y a un goût du sensible, pétri de rêveries, d’émotions, de sentiments, d’imaginaires et de valeurs autour du vivre avec et parmi, non au–dessus ou au centre. Violence est faite à l’être humain chaque fois que le corps sensi