Géopocène : repenser la géopolitique à l’heure de l’anthropocène
Méga-feux en Australie entre 2019 et 2020, destructions de plus de 18,6 millions d’hectares de forêts, plus de 3 milliards d’animaux tués ou blessés. Sécheresse en Somalie en 2022, plus de 40 000 morts. Guerre en Ukraine depuis février 2022 : jusqu’en juin 2025, près de 200 000 morts, des territoires bombardés à perte de vue.

Conflit israélo-palestinien depuis octobre 2023 – près de 65 000 morts et plusieurs centaines de milliers de blessés et de déplacés. Dans un contexte où les phénomènes de dégradations écologiques se déroulent en même temps que la recrudescence des guerres et des rivalités géopolitiques, il est devenu difficile d’articuler les analyses stratégiques du monde et de hiérarchiser les actions à privilégier.
À quoi faut-il faire face ? À la guerre ou à la catastrophe écologique ? Aux deux dirons-nous. Pour autant, l’articulation de ces deux objets n’est pas toujours évident à opérer tant chacun semble nous renvoyer vers des facteurs différents, vers des constats antagonistes, et vers des préconisations et des actions divergentes. En quoi la géopolitique peut-elle encore nous aider, en tant qu’outil d’analyse, à interpréter le monde et à articuler ces différents enjeux, avec leurs lots d’opportunités et de menaces ? L’analyse des rivalités de pouvoir sur des territoires[1], et les méthodologies qui lui sont traditionnellement associées, suffisent-elle à rendre compte de ce qui se joue à l’ère de l’anthropocène ?
Cette question est aujourd’hui au cœur des débats, et les travaux sur les relations entre géopolitique et environnement se multiplient. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de restituer l’ensemble des réflexions et des controverses sur le sujet, mais plutôt de souligner ce qui, dans ces travaux, appelle à une évolution des méthodes et des perspectives de la géopolitique en tant que discipline, en essayant de réfléchir aux différents niveaux d’interactions qui se nouent entre les objets qu’elle étudie et les enjeux environnementaux.
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