Série

Manuel de résistance à un régime fasciste – sur Andor de Tony Girloy

Historienne et essayiste

Si elle s’inscrit dans l’univers de Star Wars, la série Andor – qui vient de remporter 5 Emmys – s’en distingue par le portrait qu’elle dresse d’un monde social au quotidien. Elle puise pour cela dans les diverses expériences historiques de résistance aux régimes autoritaires : des militants de la guerre d’Algérie aux pratiques de l’IRA, les inspirations de Tony Gilroy sont fournies et racontent une histoire de l’éveil politique, des luttes collectives, et de l’expérience sensible du fascisme.

« Il y aura des moments où la lutte semblera impossible. Je le sais déjà. Seul, incertain, éclipsé par l’ampleur de l’ennemi. N’oubliez pas ceci, la liberté est une pure idée. Cela se produit spontanément et sans instruction. Des actes d’insurrection aléatoires se produisent constamment dans toute la galaxie. Il y a des armées entières, des bataillons qui ne savent pas qu’ils sont déjà engagés dans cette cause. Rappelez-vous que la frontière de la Rébellion est partout. Et même le plus petit acte d’insurrection fait avancer nos lignes. Et rappelez-vous ceci : le besoin impérial de contrôle est si désespéré parce qu’il est si contre nature. La tyrannie nécessite des efforts constants. Ça casse, ça fuit. L’autorité est fragile. L’oppression est le masque de la peur. Souviens-toi de ça. Et sachez-le, le jour viendra où toutes ces escarmouches et batailles, ces moments de défi auront inondé les rives de l’autorité des Empires et alors il y en aura un de trop. Une seule chose brisera le siège. N’oubliez pas ceci : essayez. »
Manifeste de Nemik.

Andor, série Star Wars de Tony Gilroy (2022-2025) produite par Disney[1] est le préquel du film Rogue One (2016) : les deux saisons de la série se déroulent cinq ans avant les événements du film et racontent notamment le parcours de Cassian Andor, pilote et petit délinquant tout en analysant les fondements de la résistance naissante de l’Alliance Rebelle, les pratiques matérielles de la révolte ainsi que les moyens concrets de son exercice contre l’Empire qui se fascise.

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Ici, il n’est pas question de chevaliers Jedi, de Yoda, d’Ewoks, de sabres lasers ou de Force. Il s’agit de femmes et d’hommes au bas de l’échelle sociale du monde de Star Wars : c’est un récit à hauteur de peuple qui raconte comment les basses classes sociales – les ouvriers, les fonctionnaires, les paysans – subissent, s’adaptent et (sous)vivent et comment ils vont commencer à se rebeller contre l’Empire.

Après 45 ans d’une production pléthorique autou


[1] Quelle ironie dans le fait que les studios Disney produisent des séries très engagées politiquement comme Oussekine qui met en scène de manière très fine l’histoire raciste de l’État français et de sa police !

[2] Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith, écrit et réalisé par George Lucas, 2005.

[3] On pourrait se demander si la planète Ghorman par son économie textile et son martyre face à l’Empire ne s’inspirent pas en creux, de Lyon et de ses Canuts. On peut lire sur Reddit des parallèles entre la planète Ghorman et Lyon : capitale de la soie, ville martyre, haut lieu de résistance jusqu’aux traboules lyonnaises – ces passages secrets que les Nazis peinaient à cartographier, et que l’on croit voir renaître dans les souterrains de Palmo.

Anne-Lise Melquiond

Historienne et essayiste

Rayonnages

CultureTélévision

Notes

[1] Quelle ironie dans le fait que les studios Disney produisent des séries très engagées politiquement comme Oussekine qui met en scène de manière très fine l’histoire raciste de l’État français et de sa police !

[2] Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith, écrit et réalisé par George Lucas, 2005.

[3] On pourrait se demander si la planète Ghorman par son économie textile et son martyre face à l’Empire ne s’inspirent pas en creux, de Lyon et de ses Canuts. On peut lire sur Reddit des parallèles entre la planète Ghorman et Lyon : capitale de la soie, ville martyre, haut lieu de résistance jusqu’aux traboules lyonnaises – ces passages secrets que les Nazis peinaient à cartographier, et que l’on croit voir renaître dans les souterrains de Palmo.