International

Comment Israéliens et Palestiniens en appellent à Dieu depuis le 7-Octobre ?

Politiste

S’il n’existe pas de lien mécanique entre violence symbolique au nom du judaïsme ou de l’islam et violence physique ou matérielle, tout un imaginaire religieux a été déployé dans le conflit israélo-palestinien. D’un côté comme de l’autre, les discours laissent transparaître un référentiel religieux dont il s’agit de savoir s’il peut être considéré comme l’un des paramètres explicatifs de la guerre.

Quelle place convient-il d’accorder à la religion dans l’analyse du conflit israélo-palestinien, avant le 7-Octobre, et plus encore après, sans l’exclure a priori de l’équation, mais sans en faire non plus la clé de voûte de l’interprétation ? Il n’est certainement pas question de verser dans une explication mono-causale, qui serait partielle et surtout erronée. Il serait par ailleurs tout aussi faux ou infondé de croire que les hostilités réciproques, d’un côté comme de l’autre des frontières séparant fragilement les Territoires et Israël, auraient commencé ce jour-là ou qu’il en aurait constitué le dernier mot, bien que cet événement représente indubitablement un point d’acmé, un tournant géopolitique, aussi bien pour les Israéliens que, au premier chef, pour les Palestiniens. Mais également, il faut le reconnaître, pour la région et le monde : chaque jour, en dépit de la récente conclusion d’un cessez-le-feu, en apporte la démonstration.

publicité

Tel est le fil d’Ariane et le point de départ de Dieu est avec nous : prendre au sérieux le référentiel religieux, tel qu’il est invoqué et mobilisé, comme l’un des paramètres explicatifs de la guerre et du déchaînement de violences continues et persistantes, à partir d’une traversée des discours et des idées émanant des principaux protagonistes, sans rompre complètement le fil de l’histoire matérielle, sur laquelle l’ouvrage revient toutefois moins, compte tenu d’une littérature déjà abondante en la matière.

Reste cependant à expliciter une méthode qui ne cède en rien aux tentations d’une lecture civilisationnelle, trop souvent culturaliste, voire ouvertement raciste, d’enjeux qui demeurent, malgré tout, d’abord et avant tout politiques et fondamentalement territoriaux : c’est la terre et son partage qui sont disputés. En d’autres termes, la démonstration consiste, sur un plan émique donc, à comprendre comment les acteurs s’approprient ou se réapproprient les textes des canons islamique et judaïque dans leurs expressio


[1] Je m’appuie sur les versions arabe et française disponibles sur le site Coran 12-21. Traductions du Coran en Europe, XIIe-XXIe siècles.

[2] Cf. La Bible de Jérusalem, « Le Livre des Juges », traduction en français sous la direction de l’École biblique de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1998.

Haoues Seniguer

Politiste, Professeur des Universités en Histoire contemporaine des relations internationales à l'Université Paul-Valéry Montpellier 3

Notes

[1] Je m’appuie sur les versions arabe et française disponibles sur le site Coran 12-21. Traductions du Coran en Europe, XIIe-XXIe siècles.

[2] Cf. La Bible de Jérusalem, « Le Livre des Juges », traduction en français sous la direction de l’École biblique de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1998.