Charlie Kirk : débattre et soumettre
Lors de l’assassinat de Charlie Kirk en septembre dernier, toutes les personnes qui ne suivaient pas de près les rouages de la machine trumpiste se sont précipitées à vérifier qui était ce trentenaire célébré par le président américain comme un héros national. Et du statut de « martyr » politique sa figure est rapidement glissée dans un plus littéral culte religieux en suivant une dynamique bien rodée lors des attentats ayant ciblé Donald Trump[1].

Entre-temps sa célébration avait franchi l’Atlantique pour se prolonger dans des contextes bien plus familiers qui nous ont privé inexorablement du choix d’ignorer ce lieutenant du mouvement MAGA : comme « l’assemblée du Parlement italien » où Meloni a pris officiellement « la décision inouïe de commémorer un influenceur d’extrême droite[2] », comme France Culture où Guillaume Erner a proposé un parallèle osé entre l’assassinat étasunien et le massacre de Charlie Hebdo lors d’une chronique le 12 septembre 2025.
Au lieu de s’attarder sur une enquête identitaire et biographique (qui était-il ?), au lieu de clore drastiquement le dossier en condamnant une haineuse victime de la haine semée, au lieu de diluer le choc dans l’histoire longue des meurtres politiques[3], il est peut-être opportun d’étudier son processus opérationnel : que faisait-il ? Dans quelles activités engageait-il son temps et les ressources octroyées copieusement par des riches financeurs conservateurs ? On a parlé souvent des contenus oppressifs de l’idéologie véhiculée par Kirk (masculinisme, nationalisme, racisme…) pour recadrer les voix qui en faisait un monument de la liberté[4]. On a moins commenté les stratégies de diffusion de ces idées, « leur médiation » pourrait-on dire. Quelle sorte de média de l’alt-right était-il ?
On a suivi le réflexe immédiat de se laisser guider par les abondantes traces numériques de ses activités. Les réseaux numériques regorgent surtout de contenus qui témoignent des exploits de Charlie Kirk en tant que maste
