Les origines néolibérales de l’antiglobalisme
Depuis que Trump a installé le conflit entre les « nationalistes » et les « globalistes » comme l’antagonisme politique central, il a été repris en chœur par tous les « populistes » sans exception, de Farage à Orban en passant par Salvini et Bolsonaro. Marine Le Pen a ainsi déclaré dans un récent entretien accordé à Breitbart (le média auparavant dirigé par Bannon) : « Le globalisme est un esprit post-national […] Il porte en lui l’idée que les frontières doivent disparaître, y compris les protections que ces frontières apportent habituellement à une nation. Elle repose sur l’idée que ce sont les marchés tout puissants qui décident de tout. Ce concept de globalisme est poussé par des technocrates qui ne sont jamais élus et qui sont les personnes typiques qui dirigent les choses à Bruxelles dans l’Union européenne. Les gens qui croient aux nations – les nationalistes – c’est exactement le contraire. Ils croient que les nations sont le moyen le plus efficace de protéger la sécurité, la prospérité et l’identité nationales pour s’assurer que les gens prospéreront dans ces nations. »
À l’intérieur de cette opposition, le « nationalisme » est implicitement compris comme la défense des populations attaquées par la globalisation économique, le retour de la souveraineté de l’État-nation et le « protectionnisme ». Dans un entretien accordé l’an passé au Figaro, Emmanuel Todd estimait qu’un renversement était en train de se produire, aux États-Unis avec le protectionnisme de Trump : « Une génération avait mis à bas, avec le néolibéralisme de Reagan, la société qu’avait instaurée l’État-providence rooseveltien ; une nouvelle génération d’Américains est en train de balayer aujourd’hui le modèle des années 1980 » ; et au Royaume-Uni, avec le Brexit où, alors que « Thatcher était une figure du néolibéralisme aussi importante que Reagan, […] notre plus grande surprise a été de voir la droite conservatrice assumer le Brexit et discuter à présent ses modalités, et même s