Vers une écologie existentielle

L’écologie fait la Une des journaux et des magazines, les sites numériques rivalisent de propositions alternatives, les librairies croulent sous les livres qui dénoncent les dégâts du productivisme et invitent aux « écogestes » et à la « décroissance » afin de retarder « l’effondrement » que certains annoncent prochain. Le mot « écologie » est mis à toutes les sauces. Ainsi les industries les plus polluantes et destructrices de l’environnement n’hésitent pas à vanter la dimension « verte » de leurs activités ! Pour éviter bien des malentendus, rappelons à grands traits l’origine du terme et ses diverses déclinaisons avant d’esquisser ce que serait une « écologie existentielle », qui viendrait les envelopper, les entremêler, les combiner et ainsi, ne plus séparer les humains du monde vivant auquel ils appartiennent malgré les saccages dont ils sont responsables.
D’une écologie l’autre
Le médecin darwiniste Ernst Haeckel (1834-1919) forge en 1866 le néologisme « écologie » en allemand à partir du grec pour désigner « la science des rapports des organismes avec le monde extérieur, dans lequel nous pouvons reconnaître d’une façon plus large les facteurs de « lutte pour l’existence ». Ceux-ci sont en partie de nature inorganique ; ils sont, nous l’avons vu, de la plus haute importance pour la forme des organismes qu’ils contraignent à s’adapter. »
En 1895, le botaniste danois Eugenius Warning publie son Écologie des plantes, c’est dans la traduction allemande que Robert E. Park (1864-1944), alors doctorant en philosophie à Strasbourg, fait siennes les notions d’« habitat », d’« invasion », d’« acclimatation », d’« individu », « société », etc. Dans The City (1925), cosigné avec Burgess, il reprend son article programmatique de 1915, « The City. Suggestions for the investigation of human behavior in the urban environment » en y ajoutant le mot « écologie », revendiquant une approche écologique de la question urbaine. C’est cela qu’il nomme « écologie humaine », ce que so