Espagne : peut-on gouverner malgré les élections ?
Pour la cinquième fois en 2019, les électeurs espagnols ont fait leurs choix. La première fois, le 28 avril, il s’agissait de désigner le nouveau Parlement (députés et sénateurs) à l’issue de la dissolution décidée par le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sánchez. Les deuxième, troisième et quatrième fois, le 26 mai, lorsqu’il fallait élire les nouvelles municipalités, 13 des 17 parlements régionaux espagnols et les députés européens. Enfin, le 10 novembre dernier, les citoyens étaient à nouveau appelés à renouveler un Parlement qui avait été incapable d’élire un chef de gouvernement.
Le mécanisme institutionnel prévoit en effet qu’après un premier vote vain, court un délai de deux mois pour permettre aux députés d’investir un président du conseil. S’ils n’y parviennent pas, le Parlement est automatiquement dissous. C’est ce qui s’est passé le 23 septembre dernier et qui justifiait ce retour aux urnes le dimanche 10 novembre. C’était la seconde fois en quarante ans que cette procédure était appliquée. La première fois, ce fut entre décembre 2015 et juin 2016. La répétition des élections avait permis à Mariano Rajoy et au Parti Populaire de se maintenir au pouvoir jusqu’en juin 2018 où une motion de censure constructive avait abouti et permis l’arrivée de Pedro Sánchez au pouvoir.
C’est devenu un lieu commun de souligner l’instabilité politique espagnole et les médias parlent de 4 élections générales en 4 ans, sans préciser les rythmes et les significations de ces scrutins. Or, de décembre 2015 à novembre 2019, le système partisan espagnol a été bouleversé de fond en comble. Le blocage politique n’est que la manifestation de ces mutations accélérées et contradictoires qui placent les analystes devant toute une série d’interrogations quant aux évolutions possibles.
De 2011 à 2019 : les métamorphoses du système partisan espagnol
En novembre 2011, le Parti Populaire obtenait une majorité absolue record (186 sièges avec 44% des voix) tandis que le Part