Extensions du domaine de la littérature
Aujourd’hui, publier n’est pas seulement imprimer, mais faire exister un texte sous d’autres formes : lectures, performances, mises en scène ou encore entretiens. Le succès de ces pratiques de « littérature hors du livre » est tel qu’on a pu parler d’un tournant festivalier de la littérature. Plus qu’un simple effet des logiques du divertissement, ce phénomène représente une décisive «extension du domaine de la publication». Divers facteurs y contribuent : d’abord, la crise de la librairie, à laquelle les éditeurs répondent par une augmentation des publications et une diminution des tirages. Ensuite, le recul de la presse littéraire qui a perdu son rôle de sélection (gate-keeper) au profit d’autres instances notamment issues du web. S’y ajoute une demande de proximité de la part du public, conséquence de la médiatisation des écrivains comme stars commerciales (on fait la file pour demander une dédicace à Marc Levy ou Amélie Nothomb). Le modèle des librairies se transforme, les ventes en ligne rendent les choix plus solitaires et anonymes, les dispositifs publicitaires désignent avant tout les grands succès. Le nom des auteurs aux « meilleures ventes » fonctionne désormais comme une marque dans un circuit commercial très élaboré. Ainsi le romancier à succès Joël Dicker fait-il aussi de la publicité pour Citroën et pour la compagnie aérienne Swiss.
Face à cette conjoncture, les festivals, performances, signatures et ballades littéraires constituent des produits dérivés susceptibles d’attirer le public autour des célébrités du moment, tout en rendant aussi visibles certains livres qui risqueraient d’être peu remarqués dans la masse éditoriale. Plusieurs rendez-vous attirent désormais un public varié, curieux d’associer un livre à un visage, comme le Livre sur les Quais à Morges (Suisse), les rencontres décentralisées lancés par Le Salon du livre de Genève ou encore en France le Salon Livre Paris. Il y a bien sûr des raisons commerciales pour les éditeurs, le