International

Nébuleuse conservatrice, coronavirus et élections américaines

Historienne

Si Donald Trump a déclaré mercredi 1er juillet n’avoir « aucun problème » à porter un masque, ses partisans qui manifestent un peu partout aux États-Unis continuent de scander « My body my choice. #No Masks ». Ce détournement du slogan des militants pour l’avortement montre que le mouvement du Tea Party est toujours actif, tout comme ses principes conservateurs et ses critiques d’un système de santé public considéré comme « socialiste ».

En Pennsylvanie, le 20 avril, plusieurs centaines de manifestant·e·s se rassemblent à Harrisburg, la capitale de l’État pour demander au gouverneur démocrate Tom Wolf d’autoriser les entreprises et les commerces à rouvrir leurs portes. Devant la foule de manifestant·e·s rassemblée au pied du Capitole, une procession de voitures défile en klaxonnant ou en arborant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Re-open PA », « Stop the tyranny », « Governor Wolf is PA’s Adolf Hitler » ou encore « My Body, My choice. #No masks ». Des intervenants prennent ensuite la parole pour témoigner de leur mécontentement face aux décisions prises par le gouverneur pour endiguer l’épidémie de Covid-19.

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Plusieurs rassemblements de ce type ont été organisés depuis le 15 avril dans treize États américains comme le New Hampshire, le Maryland, le Texas, le Michigan, la Floride ou l’Ohio. Compte tenu du contexte sanitaire actuel, ces manifestations peuvent paraître surprenantes. Elles sont en réalité symptomatiques d’une défiance très forte vis-à-vis des médias, des représentant·e·s politiques et des experts scientifiques. Elles témoignent de la profonde fracture politique qui perdure dans de nombreux États.

Des manifestations inspirées du mouvement Tea Party apparu début 2009

La manifestation à Harrisburg rappelle les rassemblements organisés par le mouvement du Tea Party entre 2009 et 2016. Les militant·e·s de ce mouvement, apparu en réaction à l’élection de Barack Obama, s’étaient fortement mobilisé·e·s contre la réforme de santé proposée par le 44ème président qu’ils percevaient comme une tentative d’imposer une politique socialiste à un pays qui avait jusqu’alors réussi à y échapper.

Conservateurs, défenseurs d’un État à la sphère d’action très restreinte, adeptes du port d’arme et du libre-échange, ces militant·e·s épaulé·e·s par toute une nébuleuse conservatrice patiemment construite depuis les années 1950 avaient réussi à créer un mouvement actif aux niveaux fédéral, f


Marion Douzou

Historienne, Maîtresse de conférence à l'Université Lyon 2