Les robots simples esclaves des artistes ?
Une folle machine à dessiner de Jean Tinguely (1959), la première sculpture spatiodynamique de Nicolas Schöffer (1956), et une sculpture vidéo en forme de robot conçue par Nam June Paik (1989) accueillent les visiteurs de l’exposition Artistes & Robots qui vient d’ouvrir ses portes au Grand Palais. Cinquante ans après l’exposition manifeste « Cybernetic Serendipity » qui s’est tenue à Londres en 1968, l’ambition de l’exposition du Grand Palais est de retracer les manifestations de « l’imagination artificielle » dans le champ de la création artistique à travers la figure du robot.
Cette exposition a connu une première version présentée dans le cadre de la manifestation internationale EXPO 2017 à Astana au Kazakhstan. Produite par la Réunion des musées nationaux (RMN) avec aux commandes Jérôme Neutres, le directeur de la stratégie et du développement à la RMN, et l’artiste numérique Miguel Chevalier, l’exposition kazakh rassemblait une quinzaine d’artistes. Elle focalisait l’attention des visiteurs sur des œuvres transversales conciliant une dimension artistique et une dimension démonstrative comme dans les manifestations scientifiques. L’exposition présentait ainsi un spectre ouvert de formes et de processus plastiques allant de l’effrayante dextérité d’un robot industriel en prise avec un gigantesque bloc de résine blanche à d’immenses colonnes de carton grisâtre sculptées à la découpeuse laser.
Si l’on retrouve à Paris certaines œuvres présentées au Kazakhstan (les mapping algorithmiques de Raquel Kogan et les faux wall drawing conceptuels de Peter Kloger), l’exposition du Grand Palais s’est toutefois enrichie d’une dimension plus historique grâce à la présence de l’historienne de l’art Laurence Bertrand-Dorléac qui a rejoint le duo de commissaires. L’exposition semble avoir également bénéficié de la proximité des réserves des musées nationaux où sont conservés les vieux téléviseurs en bois du robot de Nam June Paik, les fragiles impressions papiers de Vera Molna