Peut-on démocratiser l’Union européenne ?
À près d’un an du renouvellement du Parlement de Strasbourg, l’Union européenne est confrontée à un défi majeur : répondre à la défiance des citoyens. Depuis le référendum sur le Brexit, les dernières élections nationales aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, en Autriche et en Italie ont toutes mis en lumière la montée en puissance, parfois spectaculaire, des partis eurosceptiques.
Cette évolution a paradoxalement abouti à un résultat qu’appelaient de leurs vœux de nombreux militants pro-européens : la politisation de l’enjeu européen. La confrontation entre pros et anti-européens en vient parfois à supplanter la grille de lecture droite-gauche. Face à la puissance des courants anti-européens, le soutien à l’égard de la construction européenne, jadis à la fois largement partagé et peu mis en avant, devient pour certains candidats un marqueur fort. La meilleure illustration étant Emmanuel Macron, dont la confrontation avec Marine Le Pen a été largement structurée par la question européenne, et qui fait aujourd’hui des élections de mai 2019 un rendez-vous majeur de son mandat, aussi bien au niveau national avec une campagne commencée très tôt, qu’au niveau européen avec une politique active de recherche d’alliés pour En Marche ! dans les autres Etats membres.
La montée de l’euroscepticisme est aussi bien sûr une contrainte pour l’Union. Chaque élection est aujourd’hui vécue par les institutions européennes comme porteuse d’un risque mortel. Or, tant dans le domaine économique, avec l’enjeu de la réforme de la zone euro, qu’en matière de défense, dans un contexte où les menaces s’intensifient et où l’allié américain se montre de moins en moins prévisible, les États membres sont incités à poursuivre la construction européenne. Aller de l’avant face à une contestation croissante devient une position intenable.
Ce mélange d’une politisation de la question européenne et d’une contestation de plus en plus contraignante pour les élites est favorable à la réémerge