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Le Tour de France et son cancer – en écho au Bruit des glaçons

Journaliste

La crise sanitaire n’a pas eu raison du Tour de France, qui s’est élancé de Nice le 29 août. La date a changé mais pas la donne d’une course séculaire qui a appris avec le temps à s’accommoder du tourment. En quête éternelle de rémission depuis l’esclandre Festina de 1998, le Tour a paradoxalement trouvé plus de confort à se voiler la face, et ne parvient jamais à se débarrasser du mal sournois qui le ronge… comme un cancer.

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« Vous picolez toujours autant ? demande le médecin.

— J’ai gardé une belle cadence », répond Charles.

Charles Faulke, écrivain et alcoolique, ne sachant plus dans quel ordre, ne se sépare jamais de son seau dans lequel rafraîchit une bouteille de vin blanc. Il vit donc accompagné en permanence d’un bruit de glaçons, un peu comme les coureurs tombés dans la seringue sont suivis par une odeur tenace de pharmacie. Abandonné de tous, Charles est un jour dérangé dans sa consciencieuse beuverie par un coup de sonnette :

« Bonjour. Je suis votre cancer.

— Revenez un autre jour, aujourd’hui c’est pas le bon. »

Ce n’est jamais le bon jour pour parler des sujets qui fâchent : de la maladie, des secrets de famille, des agissements coupables, des addictions. Mais personne n’échappe à son destin. Alors le cancer de Charles s’incruste : « Je suis sans gêne, je suis familier. C’est marrant, personne ne me met jamais dehors. Je dois avoir quelque chose de sympathique. » Ce film de Bertrand Blier datant de 2010, c’est l’histoire du Tour de France, en quête éternelle de rémission depuis l’esclandre Festina de 1998 mais qui, trouvant paradoxalement plus de confort à se voiler la face, ne parvient jamais à se débarrasser du mal sournois qui le ronge. Parce qu’il avait été décrété que le Tour suivant serait celui du « renouveau », et qu’il ne put donc en être autrement, l’Américain Lance Armstrong fut laissé libre de triompher alors qu’il aurait été pour le coup facile au gendarme d’attraper le voleur, passé sous les radars par la grâce d’un certificat médical antidaté.

La mystification dura sept ans, avec pour conséquence de rendre la farce officielle, au point de faire croire à un ancien coéquipier d’Armstrong, son compatriote Floyd Landis, que le Tour s’était transformé en Foire du Trône et qu’il suffisait désormais de dégommer le peloton au chamboule-tout pour repartir avec un petit lion en peluche sous le bras. Puis le Danois Michael Rasmussen nous démontra qu’à défaut d


Nicolas Guillon

Journaliste

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