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« Al Musiqa », panorama de la musique arabe

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Se tient jusqu’en août à la Philharmonie de Paris une exposition sur le rôle central de la musique au sein des sociétés arabes. Tentant d’embrasser tant de lieux – du golfe à l’océan – et tant d’époques – de la période préislamique aux révolutions de 2011 –, on en perd un peu le fil… mais demeure l’opportunité unique d’écouter de grandes œuvres au milieu d’instruments et de documents de grande valeur.

La scène musicale arabe contemporaine, depuis quelques années, fait bruire une vaste rumeur d’enthousiasme en France. Les articles, concerts et documentaires se multiplient et le mot semble être parvenu jusqu’à la porte de Pantin, où la Philharmonie de Paris se fixe le vaste – trop vaste ? – objectif de consacrer pour la première fois une exposition à la musique arabe du Golfe à l’océan, et de la période préislamique aux révolutions de 2011. Sous l’inévitable invocation d’Oum Kalthoum, dont la figure domine en majesté l’affiche comme l’exposition, le parcours se présente comme une traversée chronologique et thématique : chaque espace mêlant documents d’archives, extraits sonores caractéristiques et œuvres de musiciens, peintres, vidéastes et artistes contemporains se référant à une période ou à l’univers musical d’une région particulière.

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On perçoit ainsi l’inscription culturelle propre à chaque musique, ainsi que les passerelles entre les lieux et les époques. À défaut d’être exhaustive, objectif inatteignable dès lors qu’il s’agit de résumer quelques quinze siècles dans un espace vaste et hétérogène, l’exposition parvient à construire un efficace panorama, impressionnant sur le plan graphique, et à restituer richement les diverses phases qu’elle évoque. Elle prend néanmoins le parti, qui est aussi un risque majeur, de gommer certaines lignes de force décisives et de ne pas souligner la conflictualité culturelle autour de la musique, sous ses aspects les plus récents notamment.

Une impressionnante collection d’instruments qui laisse percevoir, dans chaque famille, une diversité étourdissante d’altérations régionales et locales.

L’amorce de l’exposition, tous dromadaires dehors et tambours trébuchants, laisse songeur pour ne pas dire sceptique. Les chants de chameliers suffisent-ils à enraciner l’art d’une région traversée par les civilisations égyptienne, assyrienne, babylonienne, phénicienne, carthaginoise ou amazigh, jamais mentionnées autrement que co


Chakib Ararou

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