Néolibéralisme et autoritarisme
Depuis l’élection de Trump en 2016 le débat public sur la caractérisation du néolibéralisme s’est concentré sur le terme d’« autoritarisme ». En effet, dès cette date, certains analystes n’ont pas hésité à proclamer la « mort du néolibéralisme » en raison de la victoire du « populisme d’extrême droite » (right-wing populism). À l’inverse, d’autres ont insisté sur la nécessité de prendre en considération l’amalgame entre ces deux phénomènes, sous la dénomination de « néolibéralisme autoritaire », voire ont entrepris de réélaborer la notion même d’« autoritarisme[1] ».
Mais que faut-il entendre au juste sous cette dernière notion ? S’agit-il de la tendance un peu partout observée au renforcement de l’exécutif et à la restriction des libertés publiques ? S’agit-il de définir un nouveau type de liberté, celui qui serait propre à la version « nationaliste » du néolibéralisme et que Wendy Brown nomme de façon stimulante « liberté autoritaire » ? De plus, faut-il exempter la version « globaliste » et « progressiste » du néolibéralisme de tout autoritarisme ? Au-delà encore, la tendance à l’autoritarisme ne traverse-t-elle pas à des degrés divers le néolibéralisme, toutes tendances confondues, depuis ses origines ? Faut-il rappeler, outre le soutien unanime des Hayek, Friedman, Becker, Buchanan à la dictature de Pinochet, la joie de Röpke à la nouvelle du coup d’État de 1964 qui instaura une dictature militaire au Brésil ou encore l’envoi par Hayek d’un exemplaire dédicacé de sa Constitution de la liberté au dictateur portugais Salazar ?
L’autoritarisme politique néolibéral
L’émeute du 6 janvier 2021 à Washington a montré jusqu’à quel point Trump était prêt à aller pour bloquer la ratification du vote des États. Mais le plus important pour l’avenir est sans conteste qu’il soit parvenu à augmenter le nombre de voix en sa faveur entre 2016 et 2020 (de 63 millions à 73 millions en 2020). Or cette polarisation n’a été rendue possible que par une opposition de valeu