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Faut-il boycotter la Coupe du Monde de football au Qatar ?

Journaliste

Si la crise sanitaire le permet, la vingt-deuxième Coupe du Monde de football aura lieu au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022. Mais, depuis 1978 et l’organisation de la onzième édition de la compétition dans une Argentine alors sous le joug dictatorial du général Videla, jamais la grande fête planétaire du ballon rond n’avait autant suscité la controverse. Et ce pour de multiples raisons, qui toutes posent légitimement la question d’un boycott de l’événement.

Parce que, pour le meilleur et pour le pire, rien n’échappe aux réseaux sociaux, les images ont fait le tour du monde. La scène se déroule le 11 février dernier à Al Rayyan, au Qatar. Cérémonie protocolaire de la Coupe du Monde des clubs, sorte de répétition générale avant le grand raout de l’an prochain : où le cheikh Joaan bin Hamad bin Khalifa Al-Thani, frère de l’émir et président du Comité olympique qatari, « oublie » de saluer les membres féminins du corps arbitral, les Brésiliennes Edina Alves Batista et Neuza Back.

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Juste avant que les deux femmes passent leur chemin tête basse devant le dignitaire, on peut voir le président de la Fédération internationale (FIFA) Gianni Infantino s’entretenir avec elles, comme pour les briefer sur la conduite à tenir. Dans la culture locale ultraconservatrice, les règles d’étiquette sont certes bien définies. Quoiqu’il en soit, ce qui, il y a encore quelques années, n’aurait constitué qu’un incident, s’est rapidement transformé en incendie.

Tentant maladroitement de le circonscrire, la FIFA a dénoncé de « fausses rumeurs » et des « mensonges», comme elle le fait systématiquement chaque fois qu’elle est mise à cause. Pour leur part, les autorités qatariennes, sans doute soucieuses d’écarter tout soupçon de sexisme ou de fondamentalisme, ont préféré, dans le contexte de la lutte contre le coronavirus, plaider le « malentendu ». Un de plus, pourrait-on dire, depuis 2010 et l’attribution très sensible du Mondial de foot à l’État confetti du Golfe. Même Barack Obama s’en est mêlé, qualifiant ce choix de « mauvaise décision ».

Doit-on rappeler qu’une enquête du Parquet national financier (PNF) est en cours pour tenter de faire la lumière sur les conditions de désignation du Qatar en tant que pays organisateur ? Car tout se serait joué lors d’un déjeuner à l’Élysée, le 23 novembre 2010, soit neuf jours avant le vote. Autour de la table, le président de la République, Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l’Elysé


Nicolas Guillon

Journaliste