Politique agricole : au-delà de l’accumulation fordiste, pour un programme rouge et vert
L’agriculture française va mal. La politique agricole, qu’instituent l’État français et les autorités européennes, la détruit. Le monde agricole est le lieu d’une double dynamique, qui s’accentue depuis la fin des années 1990 : l’accumulation du capital économique par une élite, qui alimente l’expropriation de la majeure partie des agriculteurs [1].
Ni hasard, ni fatalité : cette double dynamique est organisée et soutenue par les principales institutions – des mesures politiques précisément – qui régulent l’économie agricole. Celles-ci bénéficient en France de vifs supports : dans le champ économique, dans la bureaucratie agricole, dans le monde partisan, les agents qui occupent des positions dominantes tirent profit du régime d’accumulation qui commande la structure du monde agricole.

À n’en pas douter, les négociations récentes tenues à Bruxelles, Strasbourg et Paris sur la Politique Agricole Commune (PAC) ne seront d’aucun secours. Dans la continuité de la réforme engagée en 1992, celle qui a été édictée vise – conformément au dogme libéral – à faire que la prise en charge des « biens publics » (environnementaux) devienne à terme l’enjeu principal de l’action publique agricole.
Une élite agricole s’érige sur les tombes de ses collègues. Une alliance dominante – entre acteurs issus de segments dominants de l’espace social – orchestre le procès. Est-ce à dire que l’agriculture française est condamnée ? Nous pensons pour notre part que celle-ci a un avenir. À condition toutefois de réviser en profondeur les institutions qui régulent son économie politique.
Cet avenir peut, dans un premier temps du moins, se dessiner dans un cadre capitaliste. Mais il faut pour cela se débarrasser de fausses illusions : la promesse libérale que portent notamment fonctionnaires européens et économistes agricoles selon laquelle le « marché », principe régulateur jugé le meilleur, est susceptible de faire advenir une agriculture socialement désirable ; la fable d’une agricultu