Boltanski à jamais
Mort ce 14 juillet à l’âge de soixante-seize ans, à Paris, Christian Boltanski était l’un des grands artistes de notre temps. Son œuvre émouvante et visionnaire, déclinée en sculptures, installations, photographies et films, gravitait autour des idées de mémoire, d’absence et de présence, de souffrance, de mortalité et de deuil, ainsi que de la manière dont les gens se rapprochent à travers leurs histoires et leurs expériences personnelles.
L’obsession de la mort est au cœur de l’art de Boltanski. « J’ai passé toute ma vie à essayer de préserver la mémoire de la vie, dans la lutte contre la mort, écrit-il. La seule chose que j’ai peut-être faite, puisqu’il est impossible d’arrêter la mort, c’est de montrer ce combat. »

Pour l’artiste, « les sujets sont extrêmement peu nombreux, et il est clair que la mort est le sujet le plus partagé ». Dans ses installations immersives, l’éphémère rencontre le monumental dans un jeu paradoxal d’oppositions. Boltanski considère l’exposition comme un rituel public qui interpelle l’individu dans son rapport au monde physique. La perspective de renouvellement et de changement est l’une des façons dont ses œuvres sont reliées aux thèmes récurrents de la mort et de la mémoire.
Boltanski a également embrassé le hasard et l’éphémère en produisant d’innombrables exécutions d’une même œuvre, une démarche qui invite à une réinterprétation constante, à la manière d’une partition musicale, dans des multiples tentatives d’atteindre une limite et d’expérimenter des altérations, des nouveautés, des changements, des amorces, des départs et des variations. Il m’a dit : « Un artiste, c’est quelqu’un qui a une connaissance absolue des règles de son époque, mais qui parvient à les contourner ou à les modifier. »
Boltanski faisait preuve d’une grande générosité à l’égard des nouvelles générations, ce dont j’ai moi-même fait l’expérience lorsque j’avais dix-sept ans et que je suis allé le voir à l’occasion d’un voyage scolaire à Paris. Cette re