Rwanda : ombres et lumières d’un leadership vert
Dans une petite ville de Belgique, Wavre, à l’automne dernier. Parce que notre voiture est retenue pour un contrôle technique après un signalement que nous pensions anodin, le concessionnaire demande à un conducteur de taxi de nous déposer à domicile. Celui-ci s’appelle Érasme, il est rwandais d’origine. Comme souvent quand deux Africains se rencontrent, une conversation s’engage entre nous. Il nous demande au préalable si nous sommes rwandais comme lui. Nous comprenons, à l’intonation de sa voix, qu’il n’est pas du bord du régime en place. Il veut savoir à qui il parle. Semble rassuré quand nous lui répondons que nous aurions bien aimé être rwandais… parce que le Rwanda se développe, contrairement à d’autres pays africains. Un silence… puis sa réponse : « Maintenant au Rwanda, quand tu jettes un papier par terre, un autre Rwandais te demande de le ramasser pour le mettre dans la poubelle ». Érasme ne nous parlera plus jusqu’à destination, certainement à cause de notre avis favorable à la gouvernance du pays par Paul Kagamé.

Toute l’ambivalence de la situation rwandaise se trouve dans cette anecdote : face à ceux qui exaltent la gouvernance rwandaise de l’extérieur, se dressent ceux qui, la connaissant de l’intérieur, en parlent favorablement s’ils sont proches du pouvoir, feignent de l’apprécier pour éviter les problèmes ou se taisent carrément pour ne prendre aucun risque. Érasme a coupé la poire en deux pour brouiller les pistes : une phrase favorable au régime Kagamé, puis bouche cousue jusqu’au terminus de notre route.
Sa petite phrase est cependant porteuse d’une information importante : des gestes verts sont désormais des autocontraintes pour chaque Rwandais, depuis l’arrivée au pouvoir de Paul Kagamé en 2000. Il a en effet fallu un projet de modernisation multisectoriel, des objectifs verts précis et un leadership incontestable pour mettre en œuvre l’ensemble, et l’assumer. Quel est ce projet de modernisation nationale ? Quel en est le « Green Deal