De Chelsky à Monakov : football et oligarques
Ni fleurs, ni couronnes, ni larmes : le « Chelsky » de Roman Abramovitch n’est plus. C’est son spectre qui s’avance vers le stade Pierre-Mauroy de Lille avec son cortège de mercenaires façon Michael Jackson dans Thriller. Dans quelques semaines, ceux-ci iront vendre leur talent sous de nouvelles latitudes comme d’autres promènent leur Kalachnikov de par le monde. L’Histoire a parfois des accélérations à la Kylian Mbappé. Le 29 mai dernier, à Porto, les hydrocarbures russes l’emportaient sur ceux des Émirats arabes unis en finale de l’UEFA Champions League – pour les non-initiés, Chelsea battait Manchester City – et l’Europe était sous le charme slave du beau Roman. Neuf mois plus tard, l’ouverture de la chasse aux oligarques suite à l’invasion de l’Ukraine a fait du quinqua flamboyant un vulgaire interdit bancaire et de Chelsea une victime collatérale des missiles de Vladimir Poutine.

Dans cette version contemporaine des Liaisons dangereuses l’UEFA tient le rôle de la marquise de Merteuil. La vénérable institution fait valoir des trésors d’hypocrisie pour cacher sous des apparences vertueuses ses machiavéliques turpitudes. Ainsi, dans une position devenue intenable, s’est-elle empressée de mettre fin à son juteux partenariat avec Gazprom, sponsor majeur de la Ligue des Champions. On ne verra donc plus les soirs de matches Valery Gergiev, le chef d’orchestre préféré de Poutine, battre la mesure du célèbre Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski, bande-son du spot publicitaire du géant russe de l’énergie. Et la Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg n’accueillera pas la finale 2022 de la compétition comme il avait été convenu.
La guerre du Donbass, qui préfigurait celle d’Ukraine, n’avait pourtant pas empêché la 21e Coupe du Monde de se tenir en Russie. Souvenez-vous des Bleus de Didier Deschamps fêtant dans leur vestiaire leur victoire sur la Croatie en scandant de joyeux « Pou-tine ! Pou-tine ! », lequel avait reçu pour l’occasion des mains du président de la F