Football

La mondialisation du football chinois : en route pour la Coupe du monde 2030

Économiste

Les clubs européens ont dominé la Coupe du monde 2018 et l’Asie y était très peu représentée. Pourtant, il semble se développer en Chine un incroyable engouement pour le ballon rond qui se manifeste de multiples façons : investissements massifs des entreprises dans les clubs européens, constructions d’infrastructures, formations de professionnels chinois, recrutements d’internationaux pour offrir un championnat national de qualité, et organisation de l’édition 2030 de la Coupe du monde.

Alors qu’on a pu constater la domination du football européen lors de la Coupe du monde qui vient de s’achever en Russie, comme l’atteste la présence dans le dernier carré de quatre équipes européennes (Angleterre, Belgique, Croatie, France), il convient de remarquer que, sans être qualifiée, la Chine fut également représentée à travers le sponsoring de Wanda auprès de la FIFA. En effet, ce conglomérat chinois détient les contrats de sponsoring de la FIFA allant de la Coupe du Monde actuelle jusqu’à celle de 2030, qui devrait justement être organisée par la Chine. Or, un tel attrait de la Chine pour le football n’est pas anodin et reflète en fait une stratégie graduelle bien ancrée allant du court terme jusqu’au long terme.

En effet, l’industrie du sport est en plein essor en Chine au cours de la dernière décennie (Lio, Zhang et Desbordes, 2017 [1]), de sorte que le football chinois effectue son « grand bond en avant » (Llorca, Gao et Bayle, 2017 [2]). Il connaît ainsi une nette revalorisation par rapport à la décennie 2000 marquée par une mauvaise image du football chinois, et des scandales de corruption à répétition.

Depuis 2015, la Super Ligue Chinoise (SLC) se caractérise ainsi par un afflux massif de capitaux en provenance des propriétaires des clubs, des sponsors et des droits TV, qui permettent aux clubs chinois d’attirer des joueurs étrangers (Tevez, Oscar, Hulk, Lavezzi, Pato…) et des coachs (Lippi, Scolari, Villas-Boas, Ericsson…) de renom en contrepartie de dépenses de transferts et de salaires exorbitants. L’argentin Carlos Tevez joue ainsi au club de Shanghai Shenhua et reçoit un des salaires les plus élevés au monde dans le football (hors contrats de sponsoring) avec près de 40 millions d’euros par an ! Cet essor du football chinois dépasse le territoire chinois et se manifeste également dans le football européen à travers des investissements chinois réalisées dans les équipes européennes. En avril 2017, le club du Milan AC fut vendu à un consortium c


[1] Liu, D., Zhang, J. et Desbordes, M. (2017), « Sport business in China: current state and prospect », International Journal of Sports Marketing and Sponsorship, vol. 18, issue 1, 2-10.

[2] Llorca, M., Gao, Z. et Bayle, M. (2017), « Le grand bond en avant du football chinois », Jurisport, n° 180, novembre 2017, 41-44.

[3] Par ordre décroissant de salaire, Tévez (Shanghai Shenhua), Oscar (Shanghai SIPG), Hulk (Shanghai SIPG), Witsel (Tianjin Quanjian), Pellé (Shandong Luneng), Gyan (Shanghai SIPG), Lavezzi (Hebei China Fortune), Ramires, (Jiansu Suning), Martinez (Guanghzou Evergrande) et Teixeira (Jiansu Suning).

Matthieu Llorca

Économiste, Maitre de conférences à l’Université de Bourgogne Franche-Comté

Notes

[1] Liu, D., Zhang, J. et Desbordes, M. (2017), « Sport business in China: current state and prospect », International Journal of Sports Marketing and Sponsorship, vol. 18, issue 1, 2-10.

[2] Llorca, M., Gao, Z. et Bayle, M. (2017), « Le grand bond en avant du football chinois », Jurisport, n° 180, novembre 2017, 41-44.

[3] Par ordre décroissant de salaire, Tévez (Shanghai Shenhua), Oscar (Shanghai SIPG), Hulk (Shanghai SIPG), Witsel (Tianjin Quanjian), Pellé (Shandong Luneng), Gyan (Shanghai SIPG), Lavezzi (Hebei China Fortune), Ramires, (Jiansu Suning), Martinez (Guanghzou Evergrande) et Teixeira (Jiansu Suning).