IVG aux USA : la menace réactionnaire de la Cour suprême
Depuis le 1er décembre dernier et les débats publics devant la Cour suprême, il était clair que l’issue de l’affaire Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization, qui oppose l’État du Mississippi à la dernière clinique qui pratique encore l’IVG dans cet État du Sud, ne serait guère favorable aux partisans de la liberté de choix des femmes. Les questions d’une majorité des magistrats de la Cour le laissaient entendre.

En 2018, l’État pieux et très conservateur du Mississippi a passé une loi, le Gestational Age Act, qui fixait à 15 semaines la limite légale pour qu’une femme puisse mettre un terme à sa grossesse. Ce délai légèrement supérieur à la limite française (14 semaines d’aménorrhée) n’en contrevenait pas moins avec le cadre posé outre-Atlantique depuis janvier 1973 par l’arrêt fondamental Roe v. Wade d’un droit à l’avortement garanti jusqu’à la fin du premier trimestre de grossesse. Or depuis cinquante ans, cet acquis fondamental des femmes états-uniennes à disposer de leur propre corps est la cible d’un assaut concerté de la droite religieuse et de ses alliés républicains. Nombre de commentateurs envisageaient une remise en cause progressive de Roe, validant par exemple la loi du Mississippi sans pour autant effacer toute garantie fédérale.
Le projet de décision qui a fuité depuis lundi soir sur le site Politico et qui serait dû au juge Alito avec le soutien majoritaire de quatre de ces collègues, dont les trois juges nommés pendant le mandat du président Trump, est beaucoup plus radical et prétend annuler purement et simplement « cette décision épouvantable ». Cette révélation provoque un double choc politique et judiciaire qui révèle au grand jour la radicalité conservatrice de la Cour modelée durant le mandat Trump et l’acuité du conflit politique et culturel autour de la question de l’avortement aux États-Unis.
En avançant le concept déterminant de « droit à la vie privée », l’arrêt Griswold banalisa la contraception et accompagna la « libérati