Penser la protection publique au-delà de la « sécurité »
Si la gauche et les écologistes parviennent au pouvoir le 19 juin, cette union se heurtera rapidement au défi des questions de sécurité et de sûreté. Les deux précédents gouvernements de gauche avaient esquivé toute production théorique ambitieuse et propre à ce sujet, préférant se placer dans la continuité de leurs homologues de droite, sous l’influence des droites extrêmes et des « nouveaux experts » de la sécurité, entrepreneurs d’une cause sécuritaire, technophile et répressive. La déception du gouvernement Hollande tient ainsi en grande partie aux orientations prises par Manuel Valls en termes de maintien de l’ordre, venant étendre largement le niveau de répression qui était déjà expérimenté dans les quartiers populaires.

Pourtant, les approches écologiste (permettant de penser l’humain dans son écosystème), marxiste (permettant une lecture économique et sociale des faits criminels) et intersectionnelle (permettant de situer chacun et chacune vis-à-vis d’insécurités que l’on doit qualifier de systémiques et qui peuvent être pensées comme des inégalités sociales, de genre et racistes) nous offrent la possibilité de développer un nouveau paradigme sur cette question.
Particulièrement depuis la fin des années 1990 et le chevènementisme à l’Intérieur, la gauche a passé plus de temps à écouter la droite et à lui courir après qu’à écouter les militant·es associatif.ves et les chercheur·ses qui ont continué à penser au sein de ces paradigmes. La gauche ne s’est donc elle-même pas écoutée, et en est venue à adopter les lectures culturelles de l’insécurité, plutôt qu’à affirmer sa hauteur d’esprit face à un capitalisme débridé à l’œuvre dans les trafics de drogues. Il se dessine pourtant là une pensée rationnelle de ce que nous proposons de nommer la « protection publique » que doit l’État à chaque citoyen·ne et des pistes pour une loi-cadre qui en déclinerait les premiers contours.
Militant associatif dans les quartiers populaires marseillais, puis devenu soc