Et si l’avenir de la gauche passait par le polar ?
Une frêle hirondelle électorale circonstancielle et réversible ne fait pas le printemps. La politique apparaît encore dans le brouillard, et particulièrement à gauche en crise structurelle de sens, en France ainsi que dans d’autres pays sous des modalités variées. Le score de Jean-Luc Mélenchon (auquel j’ai donné ma voix contre l’extrême droite) au premier tour de la présidentielle et les rafistolages de dernière minute de la NUPES (à laquelle j’ai aussi donné ma voix aux deux tours, comme un moindre mal de mon point de vue libertaire) pour les législatives, avec ses résultats inattendus il y a encore quelques mois, ont eu l’avantage pour la gauche de sortir symboliquement la tête de l’eau. Il n’y a, le plus souvent, pas grand-chose à attendre de la politique du pire, celle qui croit gager des « lendemains qui chantent » sur un effondrement préalable.

L’extrême droite, le brouillard et la gauche d’émancipation
Cependant, au-delà des bons scores de la NUPES, les législatives 2022 expriment un haut niveau d’abstention, en particulier dans les milieux populaires, une mobilité hésitante de secteurs significatifs de ceux qui continuent à voter, un enracinement du vote pour le Rassemblement national et une gauche qui s’installe électoralement dans une position nettement minoritaire (autour de 30 % au 1er tour).
Au passage, la « macronie » aura révélé un visage de cynisme politicien assez banal en participant à détricoter de manière confusionniste la frontière symbolique avec l’extrême droite, par l’assimilation de la NUPES à une position « extrême » hors cadre « républicain », empêchant le plus souvent l’appel à un vote de barrage contre l’extrême droite au second tour, à peine deux mois après avoir dragué… Mélenchon et son électorat au second tour de la présidentielle pour justement faire barrage à Marine Le Pen. Pourquoi un président qui ne peut pas se représenter une troisième fois s’inquiéterait de donner ainsi des ressources à l’extrême droite dans la persp