¡Viva Arrabal!
Alors que les partis d’extrême droite réapparaissent en Europe dans toute leur brutalité sur fond de guerre en Ukraine et autres conflits mondiaux, il est judicieux de revoir Viva La Muerte d’Arrabal, projeté en 1971 en ouverture de la Semaine de la critique au Festival de Cannes et restauré récemment par la cinémathèque de Toulouse. Le titre est emprunté à un commandant de la légion étrangère, pendant la guerre civile espagnole, hurlant au philosophe Miguel de Unamuno, lors de son discours à l’Université de Salamanque en 1936 : « ¡Mueran los intelectuales! ¡Viva la muerte! ». Traduction : que crèvent les intellos et vive la mort ! Dès la première scène, on voit un camion militaire dans un paysage aride et on entend en off un communiqué officiel qui finit comme ça : « Si nécessaire, nous tuerons la moitié du pays. ¡Viva la muerte! ». Puis, dans la scène suivante, un enfant est avec sa mère. Ils parlent ensemble de la mort et il lui lance : « Quand tu mourras, ton ventre me servira de tambour ».

Tout est dit. Pour lui, la violence est politique et s’immisce jusque dans les familles quand elle prend la forme d’un régime autoritaire à tendance fasciste (le franquisme) dont la finalité est d’anéantir les individus en ayant recours aux tueries, aux assassinats ou à la terreur. L’enfant de Viva La Muerte, c’est Arrabal, ce film est adapté fidèlement de son roman autobiographique Baal Babylon paru en 1950. Et nul mieux que lui pouvait passer de la littérature au cinéma avec cet amateurisme qui fait de Viva La Muerte un film et poétique et expérimental. En effet, il a toujours reconnu qu’il ne cessait de questionner les techniciens pendant le tournage tellement il était ignorant des rudiments de la réalisation et qu’il s’est permis des choses qu’il n’aurait jamais tenté s’il avait été un professionnel, comme les scènes oniriques filmées en vidéos sur des bandes de magnétoscope aux couleurs incomparables provoquant chez le spectateur une émotion d’horreur. Ce qui v