D’un gouvernement sans logement
L’éclipse du ministère du Logement dans le dernier gouvernement n’est pas un phénomène nouveau. Rappelons que sous la Ve République, ce grand dossier fut d’abord placé sous la tutelle de la Construction, avant d’être associé à l’Équipement, aux Transports, puis à la Ville et à l’Écologie. Après la loi ELAN (2018) qui a profondément réformé le logement social, mis en place de nouveaux dispositifs contre les marchands de sommeil, et ouvert la possibilité d’un encadrement des loyers dans les zones tendues, la question du logement se trouve raccrochée à la transition écologique et à la cohésion territoriale.

Le dossier du logement fait pourtant partie des enjeux les plus importants de l’organisation sociale, à la fois besoin essentiel à satisfaire au même titre que la santé, l’éducation, l’alimentation, la mobilité et, par là même, enjeu majeur dans l’organisation du territoire. C’est le logement qui fonde le foyer et donne à tout un chacun son « lieu ». Le logement est un dossier politique lourd d’une longue histoire et de débats d’importance dont témoigne le fameux livre de Engels, La question du logement (1872).
Aujourd’hui, c’est donc au prisme de la maitrise des dépenses énergétiques et des stratégies locales que seront traitées les questions de l’extension périurbaine, du logement abordable, de l’habitat indigne, des marchés immobiliers et du sans-abrisme. Il faut supposer que, bien que corsetés par l’Etat, les territoires seront en mesure de répondre à toutes ces questions. L’éclipse du thème du logement dans la longue liste des portefeuilles ministériels, déjà constatée entre 2017 et 2020 et, maintenant, en ce début de second mandat du président Macron, nous semble significatif d’une tendance longue qui ne concerne pas seulement l’organisation politique de la France : celle d’une atomisation de la problématique du logement.
L’archipel résidentiel
Dans un livre à paraitre (juillet 2022)[1], nous qualifions la tendance à l’atomisation des formes de régul