Politique

La Nupes, une union de rupture

Politiste

L’appel au rassemblement de Jean-Luc Mélenchon après le premier tour de la présidentielle et la marginalisation de ses concurrents à gauche ont précipité l’avènement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale en vue des élections législatives de juin 2022. La Nupes – qui en dépit d’une sensible progression en sièges a été nettement battue par la majorité sortante – a représenté une rupture électorale, organisationnelle et programmatique sans précédent pour la gauche, et plus particulièrement pour le Parti socialiste.

La Nouvelle Union populaire écologique et sociale conclue en vue des élections législatives de juin 2022 entre LFI, le Pôle écologiste[1], le PS et le PCF est un accord à la fois électoral, organisationnel et programmatique. Cet accord a constitué le principal évènement de la campagne des législatives. L’objectif de cet article est d’analyser son origine et sa signification, et de comprendre dans quelle mesure il constitue une rupture, quelles ont été ses conséquences et quelles sont ses perspectives.

publicité

La genèse de la Nupes

Dès avant le premier tour de l’élection présidentielle, des contacts ont été pris en vue des législatives de juin entre les différentes forces de gauche, en particulier entre EELV, LFI et le PCF. À gauche, les rapports de force du premier tour étaient en effet connus avec Jean-Luc Mélenchon nettement en tête, Yannick Jadot (EELV) incertain d’atteindre les 5 % et Fabien Roussel (PCF) ainsi qu’Anne Hidalgo (PS) nettement derrière. LFI, contrairement à 2017, avait décidé de prendre la tête d’un rassemblement de la gauche en vue des législatives, dans l’objectif affiché d’imposer une cohabitation à l’élu du 24 avril avec Jean-Luc Mélenchon Premier ministre. Initialement, LFI n’a envoyé d’invitations pour discuter d’un rassemblement qu’au pôle écologiste, au PCF et au NPA.

Mais dès le 19 avril, le premier secrétaire Olivier Faure a fait approuver par les instances dirigeantes du PS le principe de l’ouverture d’une négociation programmatique et électorale avec LFI en vue des législatives. Cette main tendue a été immédiatement saisie par Jean-Luc Mélenchon. De fait, Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure ont été les deux principaux protagonistes de cette affaire. Avec les 4,6 % de Yannick Jadot[2], les écologistes n’avaient pas le choix. En grande difficulté financière et insuffisamment fort électoralement pour faire élire des députés par eux-mêmes, ils étaient totalement dépendants de LFI pour un accord électoral afin de leur assurer des députés.


[1] Le pôle écologiste, qui soutenait la candidature de Yannick Jadot, comprend EELV, Génération.s, Génération écologie et les Nouveaux démocrates d’Aurélien Taché.

[2] Contre 22 % pour Jean-Luc Mélenchon, 2,3 % pour Fabien Roussel et 1,8 % pour Anne Hidalgo.

[3] En particulier ceux qui avaient été élus en 2017 avec le soutien dès le premier tour de LFI.

[4] Dont ils avaient soutenu le candidat, Benoit Hamon, à la présidentielle de 2017.

[5] Sauf en Normandie où ils ont accepté une tête de liste socialiste pour une liste PS-EELV.

[6] Des accords de premier tour ont été conclus par le PS dans la grande majorité des départements. Il n’y a eu guère plus de 15 départements où le PS est allé seul au combat, souvent des fiefs socialistes du Midi, contre 25 avec un accord général à gauche, y compris avec LFI, 18 sans LFI, 19 avec des accords partiels et 12 avec des accords avec le seul PCF. Cf. Pierre Martin, «  Les élections régionales et départementales de juin 2021 », Commentaire, n°175, automne 2021, p. 549.

[7] Par le vote de 390 000 personnes.

[8] La répartition des circonscriptions, faite en tenant compte des résultats de la présidentielle, a accordé 328 circonscriptions à LFI, 100 au pôle écologiste (77 EELV, 12 G.s, 9 GE, 2 ND), 67 au PS et 49 au PCF parmi les 546 circonscriptions concernées (577 moins la Corse et l’outre-mer).

[9] La Fédération de la gauche républicaine rassemble des anciens socialistes de la Gauche républicaine et sociale, le Mouvement républicain et citoyen, la Nouvelle gauche socialiste et des proches d’Arnaud Montebourg.

[10] Pour une analyse plus complète de ces élections, voir « Les élections législatives de juin 2022 », Pierre Martin, Commentaire, n° 179, automne 2022.

[11] Dont LFI 75, PS 29, Pôle écologiste 23, PCF 12, et 13 élus d’outre-mer proches de la Nupes.

[12] Celle-ci est membre de Territoires de progrès, formation sociale-démocrate créée par Jean-Yves Le Drian et dirigée par Olivier Dussopt, dont les parlementaires font partie d

Pierre Martin

Politiste, chercheur associé au laboratoire Pacte

Mots-clés

Gauche

Notes

[1] Le pôle écologiste, qui soutenait la candidature de Yannick Jadot, comprend EELV, Génération.s, Génération écologie et les Nouveaux démocrates d’Aurélien Taché.

[2] Contre 22 % pour Jean-Luc Mélenchon, 2,3 % pour Fabien Roussel et 1,8 % pour Anne Hidalgo.

[3] En particulier ceux qui avaient été élus en 2017 avec le soutien dès le premier tour de LFI.

[4] Dont ils avaient soutenu le candidat, Benoit Hamon, à la présidentielle de 2017.

[5] Sauf en Normandie où ils ont accepté une tête de liste socialiste pour une liste PS-EELV.

[6] Des accords de premier tour ont été conclus par le PS dans la grande majorité des départements. Il n’y a eu guère plus de 15 départements où le PS est allé seul au combat, souvent des fiefs socialistes du Midi, contre 25 avec un accord général à gauche, y compris avec LFI, 18 sans LFI, 19 avec des accords partiels et 12 avec des accords avec le seul PCF. Cf. Pierre Martin, «  Les élections régionales et départementales de juin 2021 », Commentaire, n°175, automne 2021, p. 549.

[7] Par le vote de 390 000 personnes.

[8] La répartition des circonscriptions, faite en tenant compte des résultats de la présidentielle, a accordé 328 circonscriptions à LFI, 100 au pôle écologiste (77 EELV, 12 G.s, 9 GE, 2 ND), 67 au PS et 49 au PCF parmi les 546 circonscriptions concernées (577 moins la Corse et l’outre-mer).

[9] La Fédération de la gauche républicaine rassemble des anciens socialistes de la Gauche républicaine et sociale, le Mouvement républicain et citoyen, la Nouvelle gauche socialiste et des proches d’Arnaud Montebourg.

[10] Pour une analyse plus complète de ces élections, voir « Les élections législatives de juin 2022 », Pierre Martin, Commentaire, n° 179, automne 2022.

[11] Dont LFI 75, PS 29, Pôle écologiste 23, PCF 12, et 13 élus d’outre-mer proches de la Nupes.

[12] Celle-ci est membre de Territoires de progrès, formation sociale-démocrate créée par Jean-Yves Le Drian et dirigée par Olivier Dussopt, dont les parlementaires font partie d