Société

La santé mentale des enfants, entre inclusion et répression

Psychiatre et Anthropologue, Pédopsychiatre et doctorant en anthropologie médicale

Trouble du spectre autistique et trouble des conduites. Deux catégories pédopsychiatriques dont l’examen croisé révèle de manière contrastée la réception contrariée des conceptions globalisées de la santé mentale en France. Au succès des mobilisations en faveur d’une redéfinition du trouble autistique conforme aux normes internationales s’oppose le rejet par les cliniciens français du modèle anglo-saxon des « troubles des conduites ». Sans autre alternative que des solutions répressives, à rebours de toute une tradition de prévention.

En marge des discours politiques et médiatiques sur la crise du recrutement des enseignants, deux annonces officielles ont marqué la rentrée des classes 2022. Le 28 août paraissait un rapport dans lequel la Défenseure des droits dénonçait les insuffisances de l’accueil des enfants handicapés à l’école, jugé encore loin d’être « réellement inclusi[f] et sans discrimination ». Trois jours plus tard, le Président de la République adressait aux élèves de notre pays un message martial contre le harcèlement, assurant qu’« on ne laissera[it] plus faire » les auteurs de « ces insultes, ces menaces, ces injures » proférées à l’école.

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Participation sociale des personnes handicapées, protection contre les violences : ces promesses légitimes de l’État républicain constituent aussi deux bornes contemporaines d’une problématique qui traverse l’ensemble des institutions en charge des enfants et des adolescents, celle de leur santé mentale. L’inclusion scolaire est ainsi au cœur des politiques publiques actuelles en matière de pédopsychiatrie, telles que la « Stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement » promulguée en 2018, tandis que la question des violences, notamment sexuelles, occupe le devant de la scène médiatique et se trouve également portée au plus haut niveau de la représentation nationale.

De manière compréhensible, l’attention publique se tourne en priorité, dans un cas comme dans l’autre, vers les sujets les plus faibles. En matière de violences, la préoccupation prioritaire porte ainsi sur la santé mentale des victimes, à travers la thématique des traumatismes. En revanche, hormis quelques cas médiatisés ravivant le débat sur les rapports entre la folie et le crime, il est frappant de constater la faible présence, dans le débat public contemporain, des réflexions de nature clinique sur la violence et sur ceux qui l’agissent. La prévention de la violence des plus jeunes, qui constituait l’objectif affiché de projets psychiat


Yannis Gansel

Psychiatre et Anthropologue

Mathias Winter

Pédopsychiatre et doctorant en anthropologie médicale, Hospices Civils de Lyon, ENS Lyon

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