Élections à haut risque au Brésil
Depuis quatre ans, le Brésil – 8e économie du monde, 210 millions d’habitants –, se débat au milieu d’une crise généralisée. Tous les indicateurs – pauvreté, chômage, santé, croissance, criminalité, féminicide, assassinat des jeunes noirs, corruption, violence politique, destruction de l’environnement… – sont alarmants et détonnent singulièrement par rapport à la décennie précédente, qui semblait annoncer l’avènement d’une grande puissance.

La démocratie brésilienne elle-même se fissure. Depuis 2016, le pays vit sous un drôle de gouvernement, né du coup d’État parlementaire qui a remplacé la présidente Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs, PT-gauche) par Michel Temer (Mouvement Démocratique Brésilien – droite). La popularité de Michel Temer tourne autour de 5% dans ses moments les plus fastes et son intégrité personnelle est notoirement sujette à caution.
Il n’est pas sûr que les élections générales, celles du président, des gouverneurs des États et du Congrès national, qui doivent se tenir en octobre prochain, permettront au Brésil d’arrêter ce processus de décomposition et de goûter au vent du renouveau. La campagne électorale, qui s’est ouverte le 15 août, se déroule sous les auspices les plus étranges. Le principal candidat, l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), est en prison depuis le mois d’avril, mais reste favori des sondages avec 30% des intentions de vote. La Cour suprême chargée des questions électorales ne devrait pas tarder à annoncer l’inéligibilité de Lula, ce qui ne devrait pas l’empêcher de jouer un rôle majeur le scrutin. Lula, le plus brillant animal politique qu’ait porté le Brésil depuis la disparition du président Getúlio Vargas en 1954, s’est lancé à la fois dans un combat personnel et un pari extraordinaire : reconquérir le Planalto (l’Élysée brésilien) pour le Parti des Travailleurs depuis sa cellule, en la personne de son colistier Fernando Haddad (PT). Le risque est cependant élevé : celui de voir les candidatures p