Les entreprises ont-elles une âme ?
L’année 2018 pourrait bien être un moment charnière dans l’évolution du capitalisme européen. En France, la future « loi entreprise » de Bruno Le Maire entend répondre à la volonté présidentielle de « réformer profondément la philosophie de ce qu’est l’entreprise » en planchant sur sa nature juridique. Au même moment à l’étranger, Larry Fink, le patron de BlackRock, premier gestionnaire d’actifs mondial, intime aux PDG de prendre toute la mesure de leurs responsabilités envers leurs salariés, leurs communautés, et la planète. Enfin, le plus grand fonds souverain mondial, le fonds norvégien, exige des politiques actives de lutte contre la corruption au sein des entreprises de toutes natures.
La Responsabilité sociale des entreprises (RSE), qui n’est pas une idée nouvelle, a le vent en poupe. La première livraison d’un sondage HEC Paris-Viavoice (« La RSE vue par les décideurs… »), réalisé auprès d’un échantillon représentatif de dirigeants d’entreprises françaises, fait apparaître d’importants enseignements. Pour 55 % d’entre eux, la RSE doit être perçue comme une source d’opportunité économique car c’est une source d’avantage concurrentiel. Pour 52 % des dirigeants interrogés, elle doit être intégrée à la stratégie et aux opérations commerciales (contre 43 % qui pensent qu’elle devrait en être séparée). Enfin, pour 54 % des dirigeants, la RSE doit aller au-delà du strict respect des lois et règlementations existantes. Confirmant ces tendances, l’étude Prophil sur les « entreprises à mission », parue le 14 février 2018, indique que 15 % des dirigeants d’entreprises tirés d’un échantillon représentatif national déclarent déjà remplir les conditions définissant ces entreprises d’un nouveau genre, et 68 % de l’ensemble des répondants souhaitent qu’un nouveau statut soit dédié à ce type d’entreprises.
Mais comment répondre à ces nouvelles exigences et établir de nouveaux statuts d’entreprise ? Pourquoi certains veulent réformer le Code de commerce ou le Code civil, notam