Du bon emploi de la formation professionnelle
L’objectif de la formation professionnelle est souvent résumé à l’acquisition de compétences pour pourvoir les postes disponibles ou pour améliorer la productivité au poste de travail. Il faudrait qu’il y ait une adéquation parfaite entre les qualifications et la demande des entreprises. Or, si cet objectif peut se justifier à court terme, il ne permet pas d’améliorer durablement le niveau moyen de compétences, ni de limiter l’impact négatif sur l’emploi provoqué par les mutations économiques et technologiques.

Le projet de loi « Pour la liberté de choisir son parcours professionnel » s’affranchit de cette conception qu’on pourrait appeler « adéquationniste », et qui prévaut depuis 40 ans. Elle donne accès à l’ensemble des travailleurs, et en particulier aux moins qualifiés, à des outils de maintien et de développement des qualifications. Parallèlement, la définition au niveau national des grandes orientations stratégiques de la formation professionnelle devrait permettre d’éviter que l’individualisation du marché du travail soit une nouvelle source d’inégalités.
Les faiblesses du système de formation professionnelle français sont largement documentées depuis plusieurs dizaines d’années grâces aux nombreuses études statistiques de l’INSEE, la Commission européenne ou encore de l’OCDE. Premièrement, les formations continues visant à pourvoir les postes disponibles et à améliorer la productivité au poste de travail sont privilégiées. Elles ne permettent donc pas aux salariés de changer de poste ou d’entreprises en cas de restructurations ou d’évolution des métiers. Deuxièmement, elles bénéficient principalement aux diplômés de moins de 40 ans. Troisièmement, la France se caractérise par un accès très limité à la formation pour les plus de 45 ans malgré le report de l’âge à la retraite et la rapidité des mutations technologiques qui nécessitent un effort de maintien et d’évolution renforcé des compétences. Quatrièmement, les inégalités d’accès varient fortem