En Turquie, les voyages extraordinaires d’Erdoğan (3/3)
Les fondateurs de l’AKP, Recep Tayyip Erdoğan, Abdullah Gül, Bülent Arınç, et tout particulièrement Ismail Kahraman, l’actuel président de l’Assemblée nationale, sont les produits de la formation idéologique de l’Union Nationale des Étudiants Turcs (UNET en Français, MTTB en Turc pour Milli Türk Talebe Birliği), pur produit de la fusion de l’islamisme avec le totalitarisme nationaliste de l’État républicain, mais aussi de la propagande de Necip Fazıl dans sa revue Grand Orient et de la mouvance de Erbakan.
Dès sa fondation au début des années 30, en cohésion avec le concept de régime de parti unique, le support médiatique de l’UNET, la revue Birlik, désignait « les missionnaires », « les communistes » et « les drogués » comme étant des ennemis de l’État. À la suite de la campagne contre ceux qui accrochaient des drapeaux sales et usés au « Mémorial des martyrs à Çanakkale », l’UNET réalisa une autre campagne en 1933, « Citoyen, parle turc ! », grâce à laquelle elle adhéra aussi au mouvement de « turquisation », déclenché par la théorie de « Langue Soleil », affirmant que le turc était à l’origine de toutes les langues du monde (y compris celle de Mu et de l’Atlantide). En 1945, ils étaient parmi ceux qui détruisirent l’imprimerie et les bureaux de la revue Tan (de tendance gauche) ; ils programmèrent des semaines pour célébrer Atatürk dans les universités, des tournois de foot pour contribuer aux monuments à construire.
C’est avec l’UNET que commencèrent les célébrations de l’anniversaire de la conquête d’Istanbul, le 29 mai (date bien entendu fictive). L’UNET soutint le coup d’État du 27 mai 1960, mit sur pied des meetings et des rassemblements pour saluer l’armée, sauveur de la nation et de l’État. Entre 1961 et 1965, l’organisation vira ouvertement à l’antisémitisme ; un peu partout, furent organisés des rassemblements pour « condamner le communisme » et pour « condamner le Juif ». En 1967, Ismail Kahraman devint le président de l’UNET et la dose de ké