La Ve République à l’épreuve du lobbying
La démission surprise de Nicolas Hulot du gouvernement est apparemment liée à la présence d’un lobbyiste lors de l’arbitrage final qui s’est tenu à l’Elysée concernant, entre autres, le montant de la carte annuelle de chasse. Pour comprendre la place prise par des lobbys dans le système politique, il faut ouvrir un pan bien plus large que cette seule démission qui n’est ni le symbole d’un échec personnel du ministre sur ce dossier ni la marque de fabrique de ce gouvernement. Ses racines sont bien plus profondes et permettent de saisir, plus généralement, comment les politiques publiques sont élaborées.
Depuis les années 1990, le système politique français a intégré de nouveaux acteurs, des consultants en lobbying, qui sont venus s’ajouter aux représentants d’intérêts traditionnels, permanents d’organisations professionnelles, syndicales et associatives notamment. Le mot « lobbying » commençait alors une carrière originale : de rare et réservé à une élite largement parisienne il est devenu d’usage courant [1]. Face à ce nouveau métier, les écologistes français ont adopté une position originale concernant l’action des lobbys. En plus de leurs conceptions environnementales, ils apportent une contribution majeure à la réflexion sur les institutions du fait de leurs expériences politiques en France et à Bruxelles. La liste est maintenant longue des élu.e.s vert.e.s à avoir rendu publiques leurs conceptions de ce qu’est la bataille politique. Leurs conclusions sont convergentes et radicales. Cette lutte est inégale, inappropriée, perdue d’avance devant le poids de ces redoutables lobbys. Reprenez les propos de Corinne Lepage sur l’immobilisme quand elle était ministre entre 1995 et 1997, lisez les récits de José Bové au Parlement européen sur les dossiers environnementaux, écoutez les certitudes de Delphine Batho du fait de sa démission forcée du gouvernement Ayrault ou reprenez le projet d’une « politique agricole sans lobbies » de la candidate Eva Joly… toutes et tous o