Comment le big data bouleverse le football
Le petit monde du football retient son souffle. Dans quelques heures, le lauréat du prestigieux Ballon d’Or France Football sera connu. Une distinction convoitée, récompensant « le meilleur joueur au monde », une individualité forcément hors-normes capable de modifier à elle seule le cours d’un match… Sauf surprise, un attaquant devrait être distingué, c’est-à-dire un joueur à la feuille de statistiques bien fournie, empilant les buts et les passes décisives (comme le nombre de zéros sur son compte en banque). Loin les grandes heures du football romantique. L’heure est au diktat du chiffre et de l’efficacité. Dans ce nouveau monde où l’athlète se transforme en machine, manier le cuir avec style est devenu accessoire. De Barcelone à Paris en passant par Turin, tout se quantifie désormais, s’évalue, se mesure, sans répit. Cela n’est pas sans conséquences. Les glorieux numéro 10 à l’ancienne et autres frêles génies instinctifs d’hier à la Cruyff et Platini ont disparu. Ils ont été remplacé par l’hyper-efficacité des Messi, Ronaldo et Mbappé dont l’influence sur le terrain se mesure à l’aune du big data… Pour comprendre ce mouvement irréversible vers le règne de la donnée, il faut impérativement faire un bond en arrière.
Avant de perdre son propriétaire dans un tragique accident d’hélicoptère, le club anglais de Leicester connut une étonnante trajectoire. En quelques années à peine, celui-ci passa du statut de formation de seconde zone jouant selon les préceptes d’un kick and rush dépassé à celui de champion surprise, emportant la prestigieuse Premier League au nez et à la barbe de grosses cylindrées parmi lesquelles Chelsea, les deux Manchester et Liverpool. Un conte de fées moderne que l’on doit, en grande partie, au big data. Comment donc ? Plutôt que de s’appuyer sur le flair de ses recruteurs, la direction des Foxes, pour bâtir son équipe cinq étoiles, s’est durablement appuyée sur l’implacable pouvoir des statistiques. A la recherche d’un milieu de terrain défensi