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Netanyahou – Orban, même combat ?

Historien et politiste

Benyamin Netanyahou, déjà Premier ministre depuis une dizaine d’années d’affilée, compte bien se maintenir au pouvoir en Israël après les législatives anticipées du 9 avril prochain. Cette campagne électorale s’accompagne d’une véritable « campagne d’Europe », où le chef du gouvernement israélien s’engage auprès des dirigeants illibéraux, au premier rang desquels Viktor Orban en Hongrie.

Lorsque le parti de Viktor Orban remporte, le 8 avril 2018, sa troisième victoire consécutive, avec près de la moitié des suffrages (et 133 sièges de députés sur 199), Benyamin Netanyahou se vante d’avoir été le premier dirigeant étranger à féliciter son homologue hongrois.

Orban a pourtant, quelques semaines plus tôt, prononcé un discours aux relents clairement antisémites, fustigeant « un adversaire qui est différent de nous. Il n’agit pas ouvertement, mais caché, il n’est pas droit, mais tortueux, il n’est pas national, mais international, il ne croit pas dans le travail, mais spécule avec l’argent, il n’a pas de patrie, parce qu’il croit que le monde entier est à lui ». La cible d’une attaque aussi violente est « le réseau des ONG financées par les spéculateurs internationaux, englobé et incarné dans la personne de George Soros ». L’hostilité à l’encontre de Soros, partagée entre Netanyahou et Orban, a sans doute scellé leur rapprochement, mais celui-ci apparaît désormais ancré sur des convergences bien plus profondes.

Deux populistes sans complexe

Netanyahou, en 2009, et Orban, en 2010, sont tous les deux revenus à la tête du gouvernement après une première expérience comme Premier ministre (de 1996 à 1999 pour le premier, de 1998 à 2002 pour le second). Ils ont tous deux mûri, durant leurs années d’opposition, leur détermination à conserver coûte que coûte le pouvoir, ce qui passe, en régime parlementaire, par le discrédit et la fragmentation de l’opposition, dont une partie est cooptée pour mieux invalider les prétentions de l’autre à gérer le pays.

De telles manœuvres politiciennes, somme toute classiques, s’accompagnent d’une offensive en règle, cette fois d’une intensité inédite, visant la Cour suprême, puis les organisations de défense des droits de l’homme, et enfin les médias indépendants. Ces contre-pouvoirs sont en effet accusés de s’opposer à la volonté du peuple, qui aurait été une fois pour toutes exprimée dans les votes de soutien au chef du gouv


Jean-Pierre Filiu

Historien et politiste, Professeur des universités en histoire du Moyen–Orient contemporain à Sciences Po