Inde : des élections à l’ombre des Rafales
Au printemps, les électeurs indiens éliront un nouveau gouvernement central. Selon toute vraisemblance, la campagne verra s’affronter la coalition portée par Narendra Modi, Premier ministre sortant issu du parti nationaliste hindou, le Bharatyia Janata Party (BJP), le Parti du peuple indien, et celle emmenée par Rahul Gandhi.
Jusqu’à peu vertement critiqué par la presse pour son absence d’épaisseur politique, le chef de l’historique Congrès national indien reprend un peu de vigueur. Il semble s’être davantage préparé pour la campagne et, à la différence de 2014 où Narenda Modi arrivait vierge de tout mandat national, il affrontera cette fois un Premier ministre comptable d’un bilan mitigé.
Outre des résultats économiques décevants et un contexte social tendu, l’analyse de la pratique du pouvoir sous Narendra Modi pointe une personnification de celui-ci, qu’accompagne une connivence manifeste avec le milieu des affaires, ce qu’illustre parfaitement« l’affaire » des Rafales. Révélée en septembre 2018 par Mediapart, « l’affaire » fait depuis l’objet d’une couverture médiatique quotidienne et du feu nourri des attaques de l’opposition. Elle a également conduit un avocat et deux anciens ministres du BJP à demander l’ouverture d’une enquête sur les conditions d’attribution de ce marché.
Pour l’heure, la Cour suprême a débouté cette requête au motif que les éléments déjà fournis par les parties prenantes étaient suffisants. Cette décision a suscité un tollé, plusieurs observateurs craignant une manipulation du pouvoir judiciaire par l’exécutif. Laissant de côté les ramifications françaises de l’affaire, il est donc important d’observer cette affaire sous l’angle institutionnel indien comme une radioscopie des modalités du gouvernement Modi et la distorsion des institutions à laquelle il se livre.
Plusieurs éléments relatifs à la conclusion de ce marché demeurent troubles et troublants, ils interrogent le respect de la légalité et laissent affleurer favoritisme,