Pas de cinquième mandat ! Et après ?
La population d’Algérie a décidé de mettre fin à la mascarade, de se débarrasser de ce cadre où le président ne subsiste plus que comme une image figée, comparable à celle d’un régime incapable de se renouveler dans ses modes de gouvernement comme dans la production de ses élites.
Dans l’ère brejnévienne, qui s’étire depuis plusieurs années, de larges segments de la population ont décidé de faire entendre leur voix. Jusqu’à présent les Algériens avaient protesté en s’abstenant de se rendre aux urnes, rejetant un système électoral vicié ; ils répondaient par l’abstention des droits électoraux face aux pratiques du régime qui consacraient l’abstinence de leurs droits fondamentaux.

Depuis une décennie, ponctuée de révoltes dans la plupart des sociétés arabes, les multiples émeutes explosant aux quatre coins de l’Algérie, ou les mobilisations sociales de Ouargla ou encore environnementales d’In Salah, n’ont obtenu pour réponse qu’un durcissement du système autoritaire et populiste.
À travers le harcèlement des leaders de mouvements sociaux et leur cooptation, le déversement de la rente pétrolière dans des actions à l’efficacité douteuse, comme les crédits aux micro entrepreneurs, les entraves permanentes aux associations et ONG nationales, au profit d’organisations caporalisées, le pouvoir a voulu rendre impossible toute forme d’organisation sociale et politique. Toute initiative collective était devenue suspecte ces dernières années, y compris celles à caractère strictement humanitaire.
C’est donc bien un grand ras-le-bol du glacis politique dans laquelle s’est enfermée l’Algérie qui s’est exprimé sous le mot d’ordre « pas de cinquième mandat ».
Les slogans de la contestation sont d’ailleurs éloquents. Les citoyens veulent se réapproprier leur histoire politique et leur mémoire collective, après en avoir été dépossédé depuis trop longtemps. Aux thuriféraires du régime actuel qui leur promettent le chaos pour entretenir le statut quo, exhumant le spectre de la guerre c