Le Grand Débat National, dernier Acte ?
Par bien des aspects inédit, le Grand débat national s’inscrit aussi dans un mouvement général qui, en France comme ailleurs, a vu les esprits, les normes et les pratiques publiques être gagnés par l’impératif participatif. Or, près de 30 ans d’institutionnalisation continue de la participation n’ont pas effacé les diagnostics de crise. La défiance n’a cessé de croître à l’égard des institutions et des acteurs en responsabilité, qui, devenus plus proches, restent perçus comme indifférents, défaillants, impuissants.
Les citoyens n’ont sans doute jamais eu autant d’opportunités de prendre part à la chose publique, aux processus de décision comme à la vie des institutions. Pourtant c’est la déploration du mépris et de l’absence d’écoute qui l’emporte. Aussi, à l’aune de ce que nous apprend l’histoire récente de la démocratie participative, en quoi le Grand Débat National, en dépit – ou en raison même – de la mobilisation qu’il a suscitée, peut-il éviter la déception ?
L’institutionnalisation de la participation n’a cessé de s’étendre en près de 30 ans. Conseils de quartier, procédure organisée par la Commission Nationale du Débat public, débats nationaux (sur l’école, la transition énergétique…), consultations en ligne sur les projets de décisions réglementaires, conseils citoyens dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, saisines par voie de pétitions du CESE… Sans oublier que les citoyens peuvent aussi contribuer en ligne aux consultations publiques européennes. Sans oublier non plus une participation accrue au sein même des institutions, des comités d’usagers aux comités d’éthique à l’hôpital, et jusque dans une institution totale comme la prison. De la gestion de proximité aux défis globaux, l’éventail des questions débattues concerne la quasi-totalité des secteurs d’intervention publique.
Ce processus s’accompagne d’une réflexivité continue. Les bilans critiques s’enchaînent. Ils nourrissent de nouvelles orientations qui se traduisent