Société

On ne pourra pas loger tout le monde dans Paris : le marché immobilier se pense au-delà du périphérique

Docteur en géographie

Alors que les taux de crédit immobilier ne cessent de reculer, les prix du logement continuent leur ascension, en particulier dans Paris. Au cœur de cette hausse : un déséquilibre entre une offre immobilière insuffisante et une demande toujours croissante. La crise du logement est ainsi porteuse de profondes inégalités générationnelles, entre ceux qui ont eu accès à la propriété avant la hausse des prix, et ceux qui cherchent aujourd’hui à y accéder.

Le compte-à-rebours semble définitivement enclenché : si l’on en croît les notaires, la commune de Paris dans son ensemble va atteindre selon toute vraisemblance la barre symbolique des 10000 euros le m² au cours de l’été. Qu’on s’intéresse de près ou non aux problématiques immobilières, difficile de ne pas être au courant tant les médias semblent décidés à suivre, de manière quasi-obsessionnelle, tous les soubresauts de cet indicateur jusqu’au moment fatidique.

De manière plus générale, les commentateurs tendent essentiellement à se focaliser sur les marchés immobiliers « extrêmes » : problématiques des « quartiers » les plus dévalorisés versus inflation immobilière dans les quartiers centraux les plus attractifs. Le lecteur en viendrait même à se demander comment ces espaces – qui, présentés tels quels, semblent relever de réalités alternatives et inconciliables – peuvent bel et bien cohabiter dans un seul et même ensemble territorial. Les marchés intermédiaires intéressent moins, si ce n’est le statisticien également soucieux des situations « moyennes » ; ils sont cependant incontournables pour connecter ces extrêmes entre eux et saisir le fonctionnement du marché immobilier francilien dans son ensemble – et même plus largement le fonctionnement des marchés immobiliers des métropoles en général. Il s’agira ici de rappeler certaines évidences à ce sujet, préalables nécessaires pour faire avancer le débat sur ces questions et esquisser des pistes de solution réalistes.

Puissance symbolique du périphérique parisien

L’éternel-retour des commentateurs vers la commune-centre parisienne (le reste de l’agglomération étant bien souvent simplement ignoré) fait bien entendu écho au poids symbolique certain qu’exerce le franchissement du périphérique sur les acquéreurs : les prix immobiliers baissent de façon plus ou moins marquée dès qu’on franchit celui-ci en direction de la banlieue, même dans le cas de communes limitrophes très bien connectées en transports en commun au


[1] Recensements de la population 2015 (logements) et 2019 (population).

[2] Notaires d’Ile-de-France.

[3] Loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris.

[4] Les prix des appartements anciens ont été multipliés par 3 à l’échelle régionale depuis la fin des années 1990, pour atteindre 5400 euros/m² à fin 2018.

[5] Emmanuel Trouillard (IAU), « Les métropoles vont-elles devenir invivables ? » (à paraître courant 2019)

[6] GRECAM (part de la TVA réduite) et FPI (part des investisseurs).

Emmanuel Trouillard

Docteur en géographie, Chargé d’études à l’Institut Paris Région

Notes

[1] Recensements de la population 2015 (logements) et 2019 (population).

[2] Notaires d’Ile-de-France.

[3] Loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris.

[4] Les prix des appartements anciens ont été multipliés par 3 à l’échelle régionale depuis la fin des années 1990, pour atteindre 5400 euros/m² à fin 2018.

[5] Emmanuel Trouillard (IAU), « Les métropoles vont-elles devenir invivables ? » (à paraître courant 2019)

[6] GRECAM (part de la TVA réduite) et FPI (part des investisseurs).