Rediffusion

La biodiversité entre croyance et connaissance

Biométricien

Les discours politiques environnementalistes sacralisent sans minutie le concept de biodiversité, pourtant ce succès médiatique est allé de pair avec un affaiblissement de sa crédibilité scientifique. Loin de tout éco-scepticisme, il semble nécessaire de refondre le concept de biodiversité en saisissant ses mécanismes, sa diversité et un système complexe dont la compréhension ne pourra que nourrir la pensée écologiste. Rediffusion du 19 avril 2019.

« Le premier ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance,
c’est l’illusion de la connaissance. »
Stephen Hawking

 

Il y a une trentaine d’années, le concept de diversité biologique a mené à celui de biodiversité. Partant d’une assise biologique, notamment génétique, l’apport de l’écologie permet alors d’intégrer les interactions des êtres vivants entre eux et avec le milieu physique dans lesquels ils sont plongés. La notion d’écosystème en dérive. Puis la prise en compte des relations entre cette catégorie particulière constituée des humains et de leurs sociétés avec les autres habitants de la planète aboutit, au moins provisoirement, à la conception actuelle de la biodiversité.

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Cette évolution conceptuelle pointait déjà lors de l’élaboration de la « Convention sur la Diversité Biologique » (CDB) lors de la Conférence de Rio, en 1992, sur l’Environnement et le Développement. Depuis, le terme de biodiversité s’est largement imposé bien au delà du milieu scientifique. Il est aussi devenu un objet de droit. Cependant, ce succès indéniable pose de multiples problèmes. Le premier d’entre eux résulte d’ailleurs de cette multiplicité : comment faire le tri dans le fouillis des discours sur ce sujet ? Comment identifier, par exemple, ce qui relève de la connaissance scientifique de ce qui provient presqu’uniquement de notre imagination, d’un rêve de nature ou d’une croyance ? Quelles sont les difficultés rencontrées ?

On détecte d’abord une faiblesse méthodologique et théorique. Ainsi compte-t-on beaucoup, mais plus ou moins bien. La référence à l’espèce, catégorie taxonomique, n’est pas toujours pertinente. On oublie que la biodiversité d’aujourd’hui résulte d’un cheminement très long, celui de l’évolution biologique, mais pas forcément toujours très lent ; il est parsemé de ruptures, d’impasses, et procède souvent par ajustements progressifs. Dans la même veine, on néglige les variations permanentes et leurs origines, notamment aléatoires : « la variation


Alain Pavé

Biométricien, Professeur émérite