Municipales : le défi des listes citoyennes
À bien y réfléchir, le fait électoral municipal se caractérise par un mode de scrutin pour le moins baroque : c’est sur une liste de noms que se portent les voix. Élection à deux degrés (on élit un conseil municipal qui distribue ensuite les rôles en autonomie), la municipale cache en réalité un troisième niveau de sélection bien antérieur, informel, et très opaque. Dans la ville, les futurs élus du peuple sont en effet avant tout des colistiers cooptés en amont. Au fond, le choix des édiles relève d’un suffrage (très) indirect des électeurs. Il était jusqu’alors admis que le tri préliminaire passe sous les radars citoyens. Mais cette fois, il vaudrait mieux s’y prendre autrement.

La demande sociale de participation politique se montre ces derniers temps plus difficile à ignorer. Le sujet est rebattu mais il n’y a qu’à voir le bond (à couper le souffle) opéré l’an passé entre la contestation d’une taxe et la revendication généralisée d’une citoyenneté dorénavant à l’initiative (celle du RIC). Se proposer comme alternative à l’occasion de la toute première élection post-Gilets-Jaunes contraint alors à l’innovation. La constitution d’une liste à la hauteur de l’impératif citoyen du moment réclame des procédures de sélection toujours plus sophistiquées, quoique jamais infaillibles. À Amiens, la liste des gauches unies « Amiens c’est l’tien » prête l’oreille à cette demande ambiante d’intervention citoyenne et joue volontiers le jeu de l’expérimentation pour relever le défi (épineux) de la citoyennisation.
Depuis la désorientation idéologique consécutive au mandat présidentiel de 2012, être de gauche ne suffirait plus, et depuis le « dégagisme » de 2017, l’union des partis non plus. Lutte Ouvrière et dissidences diverses et variées mises de côté, il n’en reste pas moins vrai que l’alliance des organisations politiques de gauche constitue toujours un bien politique de valeur. Parmi les quarante-deux villes françaises de plus de 100 000 habitants, la coalition maximalist