Ecologie

Du bon usage de la résilience face au Covid-19

Philosophe

Face à la crise sanitaire, le concept de résilience a été abondamment utilisé pour saluer la capacité du système (politique, sanitaire, social) à persister. Mais si l’emploi fortement médiatisé de ce concept succède toujours de près à une catastrophe, et que sa dimension créatrice par et pour la démocratie n’est pas évoquée, cela risque d’en faire un concept exclusivement conservateur. Un petit détour par la pensée écologique montre pourquoi cela serait dommage.

Le 25 mars dernier, le concept de résilience a été mis sur le devant de la scène lors d’un discours d’Emmanuel Macron à Mulhouse. Ce discours marquait le lancement d’une opération militaire baptisée « Opération Résilience » qui constitue, selon le site du ministère de la Défense, « la contribution des armées à l’engagement interministériel contre la propagation du Covid-19 ». Ce dispositif venait en quelque sorte concrétiser par une réponse militaire la métaphore guerrière employée par le gouvernement dès le début de l’épidémie.

Dans un autre contexte, en octobre 2018, l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait également utilisé le concept de résilience pour féliciter les personnels de santé de l’hôpital de Carcassonne « très gravement touché par les inondations ». Ces soignants avaient en effet « continué leur service » toute la nuit pour compenser le fait que la relève n’avait pu avoir lieu. Cet autre usage du concept peut être rapproché de son emploi dans le contexte actuel. À la manière de l’armée qui s’adapte pour gérer l’épidémie, les soignants avaient su s’adapter pour faire face à une catastrophe naturelle.

Bien que le concept ne soit jamais défini par les membres du gouvernement, ces deux contextes dans lesquels il a été récemment prononcé devant les médias laissent penser que la résilience se joue dans les premiers instants qui suivent l’arrivée d’une perturbation. Il s’agirait d’un comportement qui consiste à rebondir et à se montrer réactifs face à une perturbation telle qu’un virus ou une inondation. Cependant, cet emploi médiatisé du concept de résilience dans les moments qui suivent immédiatement l’apparition d’une catastrophe est réducteur au regard de certains de ses usages en écologie scientifique. Ces derniers nous révèlent qu’il est peut-être encore trop tôt ou bien déjà trop tard pour parler de résilience dans le cas de l’épidémie qui nous concerne.

Le concept de résilience écologique : une capacité imperceptible des écosystèmes qui se const


Olivier Delettre

Philosophe, Doctorant en Histoire et Philosophie des Sciences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Covid-19