La boîte de Piketty
Pour le punir d’avoir dérobé le feu aux dieux et d’en avoir fait don à l’humanité, Zeus transperça le torse de Prométhée et l’enchaîna à un rocher. Chaque jour, un grand aigle se nourrissait de son foie, qui se régénérait chaque nuit afin que l’aigle revienne. Si l’histoire est bien connue, le fait que ce tourment ne pouvait, à lui seul, satisfaire la soif de vengeance de Zeus l’est moins.
L’humanité, elle aussi, devait payer pour cette transgression : « Fils de Japet, ô le plus habile de tous les mortels ! tu te réjouis d’avoir dérobé le feu divin et trompé ma sagesse, mais ton vol te sera fatal à toi et aux hommes à venir. Pour me venger de ce larcin, je leur enverrai un funeste présent dont ils seront tous charmés au fond de leur âme, chérissant eux-mêmes leur propre fléau. »
Selon le récit d’Hésiode, Prométhée avait un frère gentil mais stupide, Épiméthée, en qui il voyait une cible probable de la ruse de Zeus. Prométhée avait mis son frère en garde à maintes reprises contre le fait d’accepter des cadeaux des dieux. Pourtant, lorsque Zeus fit créer par les dieux la belle Pandore et l’envoya à Épiméthée comme épouse, il l’accueillit. Pour leur mariage, Zeus offrit au couple une magnifique jarre – souvent décrite à tort comme une « boîte » –, contenant d’innombrables cadeaux, mais en insistant sur le fait qu’elle ne devait jamais être ouverte. Comme on pouvait s’y attendre, cependant, Pandore ne put contenir sa curiosité. En ouvrant la jarre, elle reconnut immédiatement les forces redoutables qui s’y trouvaient, mais avant qu’elle ne puisse la reboucher, tout s’était échappé, sauf l’espoir.
Le mal se répandit parmi les peuples qui, jusqu’alors, vivaient « exemptes des tristes souffrances, du pénible travail et de ces cruelles maladies qui amènent la vieillesse ». Depuis lors, « mille calamités entourent les hommes de toutes parts : la terre est remplie de maux, la mer en est remplie, les maladies se plaisent à tourmenter les mortels nuit et jour et leur