L’Amérique malade du trumpisme
On a enfin fini par pouvoir les entendre. Par pouvoir écouter chaque candidat prononcer une phrase sans être interrompu par une insulte ou un mensonge. Et ce fut terrible : ils n’avaient, ni l’un, ni l’autre, rien à dire pour nous projeter dans le monde d’après. Et pourtant. Pourtant derrière eux se profilait au travers des questions le spectre d’une Amérique malade, usée et divisée.

C’est le sentiment amer qu’a donné le deuxième et dernier débat entre Joe Biden et Donald Trump, jeudi 22 octobre, à moins de quinze jours de l’élection présidentielle du 3 novembre qui décidera du sort des États-Unis et, par conséquent, du monde pour les quatre prochaines années.
Alors qu’en cette fin d’annus horribilis les défis sont immenses, que l’urgence sanitaire, sociale, économique et environnementale menace l’existence même de dizaines de millions d’Américains directement, ni Donald Trump (mais on pouvait s’y attendre) ni son opposant n’ont proposé la moindre nouvelle mesure, la moindre idée, le moindre élan un tout petit peu enthousiasmant pour affronter les maux pourtant clairement identifiés par l’excellente journaliste, Kristen Welker : le changement climatique, le chômage, une pandémie galopante, le racisme systémique, un pays plus divisé que jamais, des familles d’immigrés disloquées. Un tableau morbide mais réaliste qui a hanté tout le débat, révélant à elle-même une Amérique défigurée par quatre années de trumpisme.
Le précédent débat, le 29 septembre avait laissé un goût de terreur et d’absurde. Le deuxième de vide et de déprime. Le premier clash sur Fox News était pire qu’une cacophonie. C’était une stratégie concertée de la part de Trump d’intimidation orale et physique et de destruction des fondements de la délibération démocratique. Une mise en scène de son appétit de domination et une vision du pouvoir comme force d’écrasement de toute opposition. Aboyer, insulter, accuser, couper la parole, interdire toute discussion, toute expression divergente, saper le trava