Police : de la crise de l’autorité à l’autorité juste
Au travers du contrôle de Cédric Chouviat, de l’interpellation de Michel Zecler ou des épisodes houleux de maintien de l’ordre, mais aussi des agressions dont sont l’objet les policiers, la question des relations entre État, police et société s’est réinvitée au cœur de l’actualité, au point que l’exécutif a lancé fin janvier un « Beauvau de la sécurité ». Son issue et ses apports sont incertains, mais la nécessité de l’ouverture d’un débat politique est notable.
Si la controverse médiatique s’organise facilement selon des logiques binaires (pour ou contre la police, policiers victimes ou bourreaux) qui varient au gré des événements et scandales secouant l’opinion, cela ne constitue pas un cadre satisfaisant pour rendre compte de relations complexes. Pour y parvenir, il est utile d’adopter une lecture à partir de la notion d’autorité, c’est-à-dire de pouvoir (compris comme la capacité à orienter le comportement d’un individu) légitime (dont la valeur de l’exercice de sa fonction est reconnue).
La légitimité est l’un des facteurs qui font que l’individu consent à obéir à un pouvoir. Partir de cette notion de pouvoir légitime a en effet le mérite de mettre en jeu deux conditions des relations entre police et public dans une démocratie : l’utilisation de la force, puisque la police en dernière instance peut recourir à l’utilisation non-négociable de la contrainte physique, et la légitimité des pratiques des agents d’une telle institution dotée de pouvoirs exceptionnels.
Deux problématisations de cette relation entre pouvoir de la police et légitimité peuvent être distinguées : la première, « l’autorité en crise », omniprésente dans le débat public et brandie par des discours politiques et syndicaux, envisage l’autorité comme menacée et ébranlée ; la seconde, « l’autorité légitime », propose une conception alternative de l’autorité comme relation, plus susceptible de fonder durablement l’action de la police.
Une autorité en crise
« Le cancer de notre société,