Le touriste peut-il échapper à sa condition ?

Depuis son apparition au XVIIIe siècle, le système touristique a progressivement conditionné le touriste dans des pratiques relatives au dépaysement et à la recherche de plaisir personnel. Comme énoncé par Christine Petr [1], « l’individu exprime dans la pratique touristique ce qu’il ne peut exprimer ailleurs ». « À l’inverse du temps investi par la vie sociale, le temps des vacances devient un temps à soi » : le touriste est alors guidé et en recherche de satisfaction personnelle et d’affirmation de soi.
Ce conditionnement voit le jour lorsque le Tour débute au XVIIIe siècle, avec les premières sorties des jeunes artistocrates anglais en visite sur le continent. Elles visent à l’acculturation européenne tout en servant de distinction sociale. Parfois accompagnés d’un précepteur, parfois en groupe, ils se forment au contact des Lumières de Paris, des richesses historiques de la vallée du Rhône, des vestiges antiques à Rome, de la culture allemande et hollandaise. Le plaisir ne peut dès lors s’exprimer que par un déplacement physique et par une rupture psychique avec la vie ordinaire.
Sans transport, pas de touriste
Le touriste est par définition un être déplacé, hors de son espace quotidien. Il désire cela, notamment car ce déplacement est aussi lié à cette recherche de rupture avec ses habitudes de tous les jours. Il s’abreuve aux sources du dépaysement et de l’exotisme. C’est dans l’ADN du touriste d’être mobile ; il n’en va pas autrement.
Pour ce faire, et parce qu’il est peu réceptif aux contraintes et aux restrictions, le touriste s’appuie, dans un premier temps, sur des littératures pour se déplacer aisément. Dans le cas du Grand Tour, S. Hervieu remarque, en 1841, que : « Partout où va l’Anglais, il sait à l’avance ce qu’il doit voir… [2]». Les guides Baedeker et Joanne sont créés en 1832 et 1854 et plus tard, en 1900, le guide Michelin, d’abord à destination des chauffeurs automobilistes, nouveau groupe touristique émergent. Dans un second temps Th