Politiques sociales : une jeunesse sacrifiée ?

Les enjeux d’âge sont aujourd’hui au cœur du débat public. Si la crise sanitaire due au COVID‑19 touche principalement les plus âgé.es, la crise économique et sociale qui la suit affecte en premier lieu les jeunes. En réalité, depuis les années 1970, le profil d’âge des individus les plus exposés aux difficultés économiques et sociales s’est inversé : alors qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale les personnes âgées étaient les plus touchées par la pauvreté, les plus jeunes bénéficiant alors de la période de forte croissance économique, depuis la crise des années 1970 et la transition vers une économie post-industrielle, ce sont d’abord les jeunes qui sont les plus touché.es par le chômage [1] et la pauvreté [2]. Si les inégalités se creusent, c’est donc d’abord aux dépens de la jeunesse. Peut-on alors parler de « jeunesse sacrifiée » ?
Des inégalités entre les générations qui se creusent
La dégradation des conditions de vie des nouvelles générations accroît progressivement les inégalités entre les générations et ce qui a été appelé le « déclassement générationnel [3] ». Cela se retrouve dans de nombreux indicateurs socioéconomiques. Le taux de chômage des jeunes est ainsi structurellement deux fois plus élevé que celui du reste de la population. De plus, pour les jeunes en emploi, la qualité des emplois s’est progressivement détériorée : la proportion d’emplois précaires parmi les jeunes en emploi (stages, intérim, CDD, contrats aidés) a été multipliée par trois, approchant désormais les 40%. Dans l’ouvrage que nous avons coordonné, Camille Peugny affirme donc dans son chapitre (« Jeunesses et classes sociales. Apports et angles morts de la lecture générationnelle des inégalités ») que le « marché du travail se précarise par les jeunes ». On retrouve à l’œuvre un processus de dualisation du marché du travail, au détriment notamment des plus jeunes [4].
Or, comme le montre Nicolas Charles dans son chapitre (« Le prix à payer pour la massification scolai